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Avant les sœurs Williams, il y avait Althea Gibson

par BY

5 mars 2023

Bien avant la légende Serena Williams, Althea Gibson fut la toute première joueuse noire de tennis à remporter un tournoi d’ampleur internationale. Dans une Amérique ségrégationniste et élitiste, Althea Gibson s’est battue pour réaliser son rêve : remporter les plus grands tournois de tennis du monde.

Althea Gibson est née en pleine crise économique des années 1930 et en période de ségrégation raciale. Elle pratique dès son plus jeune âge à Harlem plusieurs activités sportives dont le tennis dans lequel elle s’illustre brillamment. « Tout a commencé quand on jouait au padel [sport de raquettes sur terrain plus petit que le tennis] dans la rue, sponsorisé par la Police Athletic League, avec deux raquettes et une balle en éponge, un petit court et un petit filet » expliquait Althea Gibson en 1989 à la BBC.

Pourtant, son entrée dans les circuits professionnels s’avère difficile. Afin de participer aux grands tournois reconnus tels que l’US Open, il lui faut accumuler suffisamment de victoires dans des autres tournois organisés dans des clubs en réalité réservés aux blancs qui pratiquent tacitement la discrimination raciale.

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Tout bascule en 1950, lorsque la grande joueuse Alice Marble décide de prendre parti et envoie une lettre à l’American Lawn Tennis Magazine et fait mouche : “L’entrée des Noirs dans le tennis national est tout autant inévitable que cela est déjà arrivé dans le base-ball, le football ou dans la boxe. […] Je pense qu’il est temps de faire face aux faits. Si le tennis est un jeu pour les femmes et les hommes, je pense qu’il est temps que nous agissions un peu plus comme des gens décents et moins comme des moralisateurs hypocrites.

Grace à cette lettre, un mois plus tard, Gibson fait une entrée officielle au championnat national de Forest Hills. Elle dispute ensuite son premier match contre la favorite, Louise Brough. Le public y est hostile et insulte la jeune championne. Elle perd le match mais sa carrière est lancée. Althea Gibson remportera quelques années plus tard trois titres de Grand Chelem (Roland Garros, US Open, et Wimbledon). Elle recevra le dernier trophée des mains de la reine Elisabeth II.

Le 6 juillet 1957, la reine Elizabeth II remet en personne le titre de Wimbledon à Althea Gibson. 

Cette carrière hors du commun lui a valu le surnom de « Jackie Robinson du tennis », bien qu’elle n’aimait pas ce titre et refusait d’être perçue comme une représentante des Noirs. Introduite au International Tennis Hall of Fame ainsi qu’à l’International Women’s Sports Hall of fame, Althea Gibson est considérée comme étant l’une des meilleures sportives au monde.

Althea Gibson, grande gagnante du trophée de Wimbledon (en simple et double !) revient victorieuse aux Etats-unis.

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En 2016, soixante ans après sa première victoire en Grand Chelem, Serena Williams, qui fut la première Afro-Américaine depuis Gibson à remporter un tournoi du Grand ­Chelem, à l’US Open, en 1999, rendit hommage à son aînée à Roland-Garros : « Althea m’a donné du bonheur et la fierté d’être noire. (…) Elle a été pionnière pour tout le tennis, pas seulement le tennis féminin. »