Des anciens tirailleurs sénégalais demandant leur naturalisation: un combat sans fin !

Lors des deux Guerres mondiales, des tirailleurs sénégalais ont combattu pour la France. C’est donc tout naturellement que certains d’entre eux réclament la nationalité française !

Retour sur leurs parcours…

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Suivons l’histoire de deux grands hommes, N’Dongo Dieng, 81 ans, et Alioune Mbodji, 85 ans.
N’Dongo Dieng a été colonel dans l’Algérois.

Je ne comprends pas pourquoi on n’a pas la nationalité française, on est nés français, on a combattu pour la France !” s’exclame-t-il. “Tous les ans, on y dépose une gerbe, nous, les tirailleurs.

Alioune M’Bodji, quant à lui, est un ancien sergent de l’armée coloniale française. C’est fièrement qu’il montre ses médailles accrochées à sa veste, à quiconque veut les voir et connaître son histoire : “Cette médaille, c’est l’Indochine, en 1953. Celle-là, l’Algérie, en 56… Les autres, c’est quand je suis rentré au Sénégal.” 

Celui que l’on surnomme le “vieux Mbodji” relate avec sourire et nostalgie ses onze années passées au sein de l’armée française. Une anecdote démontre son attachement à la France. Lors de la guerre d’Indochine, le tirailleur téméraire a été blessé à la jambe et a donc été rapatrié. Mais rapatrié où ? – “En France ! Nous sommes français, non ?”

La France, leur patrie de cœur

Les deux “Dogues noirs de l’Empire”, surnom donné par Léopold Sédar Senghor aux tirailleurs sénégalais, ont une relation intime avec la France. Monsieur Mbodji le dit lui-même, il est “d’un père sénégalais et d’une mère française.”

En 1998, ce dernier s’est heurté au refus d’octroi de la nationalité française, au motif que sa femme et ses enfants vivent loin, au Sénégal. C’est alors qu’il donne une explication poignante à cette situation : “Mais je ne peux pas les faire venir ici, le studio dans lequel je suis ne le permet pas, et je ne peux pas payer un plus grand logement.” Pris au piège, le désarroi de cet homme s’était fait ressentir dès ce moment-là.

ancienscombattantsN’Dongo Dieng témoigne du même sentiment lorsqu’il explique qu’ils ont cru “dur comme fer” au fait que l’ex Premier Ministre Lionel Jospin changerait leur statut, comme prévu. En 1998, il avait en effet fait publiquement le vœu que ces soldats réintègreront la « mémoire collective nationale », mais cela est resté sans suite.

Le seul changement opéré arrivera sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Il s’agira de la « décristallisation » des pensions, qui a pour but de donner aux anciens combattants des colonies le même droit à la retraite que les anciens combattants français. Cependant, aucune naturalisation n’est envisagée.

 Le soutien précieux de personnalités politiques

Sylvine Thomassin, maire de Bondy (ville de résidence de N’Dongo Dieng et Alioune Mbodji), est optimiste quant à leur obtention de la nationalité française : “Franchement, s’il y a la volonté politique, il n’y a aucune raison que leur naturalisation ne se fasse pas rapidement.”

Sa voix résonne à l’unisson avec celle d’Aïssata Seck, son adjointe. Elle-même petite-fille d’un ancien tirailleur, se sent évidemment concernée par la cause de ces hommes sages : “A force de voir les refus individuels qui s’enchaînaient, j’ai décidé de lancer une action collective” confie-t-elle. Et cette action, c’est une pétition. Pour le moment, elle a récolté près de 2500 signatures en faveur des anciens combattants. Ils seraient environ 500 en Ile-de-France, c’est pourquoi elle poursuit déterminée : “Donc c’est vraiment du symbole, ça ne coûterait rien de les naturaliser.”

Enfin, Jean-Marc Ayrault, le Ministre des Affaires Etrangères, en visite officielle au Sénégal le 10 novembre dernier, a alors rappelé “les devoirs d’égalité et de reconnaissance” de la France envers ses anciens tirailleurs.

Outre ces actions, la situation de nos deux anciens combattants ne s’améliore guère. À l’heure actuelle, Messieurs Dieng et Mbodji vivent toujours dans leur foyer, à Bondy. Ils attendent patiemment le jour où, enfin, ils pourront se dire de nationalité française.

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