politique

Blaise Compaoré sera jugé pour l’assassinat de Thomas Sankara

par Mamadou

15 avr. 2021

Près de 34 ans après la mort de Thomas Sankara, l’ex-président burkinabé, Blaise Compaoré, sera jugé pour attentat à la sûreté de l’État, complicité d’assassinat et recel de cadavres. Son ancien bras droit Gilbert Diendéré et d’autres accusés comparaitront également devant un tribunal, dans ce dossier.

En exil en Côte d’Ivoire depuis sa chute provoquée par des mouvements populaires survenus en 2014, Blaise Compaoré sera jugé pour l’assassinat de Thomas Sankara. L’avocat de la famille de Sankara, Me Prosper Farama, souhaite la comparution de Blaise Compaoré : « J’espère que l’ex-président Blaise Compaoré, en toute responsabilité, volontairement et librement, comparaîtra à ce procès pour donner sa version des faits. Que toutes les parties aient l’opportunité de s’exprimer, que l’on sache la vérité dans cette affaire, et que justice soit rendue. Je pense que ce que les familles attendent principalement de cette procédure, c’est la vérité ».

Blaise Compaoré

La comparution de Blaise Compaoré devant ce tribunal militaire n’est pas acquise dans la mesure où il a obtenu la nationalité ivoirienne. De fait, il sera sans doute jugé par contumace.

Le général Gilbert Diendéré qui était l’un des principaux chefs de l’armée au moment du putsch, en 1987, et par ailleurs, chef d’état-major particulier de Blaise Compaoré, figure parmi les accusés. Une comparution qui survient alors même que le Général purge actuellement une peine de vingt ans de prison, pour une tentative de coup d’État, en 2015. Des soldats de l’ex-garde présidentielle devront eux aussi comparaitre. Malheureusement, beaucoup parmi ceux qui furent impliqués dans ce coup d’État contre Thomas Sankara sont décédés et ne pourront donc pas faire face aux familles de victimes.

Thomas Sankara debout derrière son ex-ami Blaise Compaoré

En février 2020, une première reconstitution de l’assassinat de Sankara s’était déroulée sur les lieux du crime, au siège du Conseil national de la révolution (CNR), à Ouagadougou.

Il faut rappeler que c’est suite à un coup d’État que le président Thomas Sankara est arrivé au pouvoir en 1983, avant d’être assassiné lors d’un coup d’État, le 15 octobre 1987. Ce putsch portera au pouvoir, son ami et frère d’arme, Blaise Compaoré. La mort de Thomas Sankara, considéré comme étant l’un des plus grands panafricanistses, avait à l’époque suscité une vive émotion dans son pays et au-delà des frontières africaines. Néanmoins, lorsque l’ex-président Blaise Compaoré était au pouvoir, parlait de Thomas Sankara, surnommé « le Che africain », était un sujet tabou.

Sankara ne fut pas le seul chef d’État africain figure du panafricanisme à avoir été assassiné pendant son exercice du pouvoir. Parmi eux il y’ a également Sylvanus Olympio du Togo, Marien Ngouabi du Congo Brazzaville et surtout Patrice Lumumba qui était le premier des premiers ministres de la République Démocratiques du Congo et qui était perçu comme le successeur du président Joseph Kasa-Vubu. Aujourd’hui encore, la cause de la mort de ces grands présidents panafricanistes demeure mystérieuse et remet en cause l’indépendance des institutions judicaires de la plupart des pays africains