Depuis le 17 janvier 2017, les deux régions anglophones du Cameroun se voient privés de connexion Internet !
C’est en effet l’une des plus longues coupures filaires et mobiles d’accès à Internet jamais vue sur le continent et qui frappent les habitants des deux régions anglophones du pays (Nord-Ouest et Sud-Ouest). Ces sanctions font, semble-t-il, suite aux nombreuses manifestations mises en places par les Anglophones pour protester contre leur marginalisation et les discriminations sociales et politiques dont ils font l’objets depuis plusieurs décennies.
Les Anglophones qui représentent près de 20% de la population camerounaise estimée à 22,5 millions d’habitants, sont en minorité face aux 8 régions francophones. Ces derniers, dont le mécontentement se fait sentir depuis octobre 2016, réclament plus d’autonomie dans un système socio-politique qui les désavantage, depuis la réunification des Cameroun francophone et anglophone en 1961 et l’abolition du fédéralisme en 1972.
The #InternetShutdown in Anglophone Cameroon is world’s longest total shutdown this decade! #BringBackOurInternet #KeepItOn pic.twitter.com/cTGiPRNB5Q
— Rebecca Enonchong (@africatechie) 3 mars 2017
Bien que les autorités camerounaises aient été plusieurs fois sommées par les ONG de défense des droits numériques et les Nations Unies de cesser ce blocus touchant les régions anglophones, la connexion Internet n’a toujours pas été rétablie. Julie Owono, responsable Afrique de l’ONG Internet sans frontières, dénonce :
«Nous recevons tous les jours des messages de détresse émanant de cette partie du Cameroun, beaucoup de messages de personnes qui sont inquiètes aussi […]. Notamment au moment où la répression s’est intensifiée – arrestation de leaders politiques ou de simples badauds pris avec des tracts en leur possession – et qu’aucune information ne filtrait via Whatsapp, Viber… Il y a trois mois encore, on avait des images, par exemple, des manifestations qui se sont déroulées à l’université de Buea et qui ont été violemment réprimées par la police.»
Pour David Kaye, rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression : «La suspension d’Internet à cette échelle viole le droit international. Elle ne supprime pas seulement le débat public, mais prive également les Camerounais de l’accès aux services essentiels et aux ressources de base»
Au #Cameroun, les anglophones ont donc le droit de se taire ?! 😡#BringBackOurInternet pic.twitter.com/a32ILkpVal
— _Tous les internets (@lesinternets) 6 mars 2017
La ville de Buea, “la Silicon Mountain”, située dans la région du Sud-Ouest, est particulièrement impactée par cette coupure dont le coût était estimé à 1,39 millions de dollars à la mi-février dernier, ce qui devrait, à terme, avoir de graves conséquences sur l’économie camerounaise.
Surnommés les “réfugiés numériques”, les internautes anglophones privés d’Internet, exilés dans d’autres parties du pays, notamment à Douala, la capitale économique du Cameroun, ont dores et déjà lancé le mouvement #BringBackOurInternet pour exiger la fin de ce blocus numérique. Quant aux opérateurs, ils ne sont pour l’heure, pas encore publiquement désolidarisés de l’État camerounais, alors même que cette censure est totalement illégale.
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