Colson Whitehead reçoit le prix Pulitzer de Littérature 2017

Le 10 avril dernier s’est déroulé la cérémonie du Prix Pulitzer de littérature, événement récompensant l’excellence dans le journalisme, la littérature et la composition musicale. A cette occasion, Colson Whitehead, écrivain américain âgé de 47 ans, s’est vu récompensé pour le roman « The Underground Railroad » dans la catégorie littéraire fiction. Cet ouvrage, qui traite de la mémoire de l’esclavage, devrait d’ailleurs bientôt être porté à l’écran.

 

Voici une nouvelle qui devrait grandement participer à la promotion du travail de Colson Whitehead. En effet, après avoir été couronné par la National Book Awards, l’une des distinctions littéraires les plus prestigieuses des USA, cet écrivain a reçu, le 10 avril dernier, le tant convoité Prix Pulitzer grâce au roman à teneur politique et historique « The Underground Railroad ». Colson succède ainsi au palmarès de Viet Thanh Nguyen pour « The Sympathizer ».

À travers ce tome, l’auteur a imaginé que l’Underground Railroad, réseau ferré emprunté au 19e siècle par les esclaves fuyant vers le nord, était un train qui allait les amener vers la liberté. Ce roman met en scène, de manière très réaliste, Cora, une esclave de 15 ans dont le quotidien est marqué par les brutalités affligées par son maitre, qui décide de s’échapper avec Caesar, un nouvel arrivé sur la plantation.

Etats-Unis 1850, plantation de l’Etat de Géorgie

Le premier arrêt de Cora et Caesar est la Caroline du Sud. Une ville qui de prime abord, apparaît comme un Eldorado, mais où certaines péripéties font que ces derniers sont très vite contraints de fuir à nouveau. D’État en État, les différentes rencontres de Cora et Caesar viendront rythmer leurs périples vers la liberté.

Fuir vers le nord, c’est ce qu’ont fait des milliers d’esclaves en ayant recours au réseau d’individus abolitionnistes organisant des routes clandestines, afin de venir en aide aux esclaves en fuite: l’Underground Railway. On estime à 100 000 le nombre d’esclaves ayant fui grâce à ce dispositif.

Selon Kevin Young, critique et poète, Whitehead nous amène, grâce à des brillants ressorts d’imagination, à penser l’esclavage au passé mais également au présent. Dans cette œuvre, il aborde le progrès racial et ses limites ainsi que le constat de promesses non tenues. Il ajoute également que Colson Whitehead a écrit son « Beloved » : on aurait du mal à imaginer de comparaison plus flatteuse que celle avec l’extraordinaire Toni Morrison.

 

“Pourquoi ne pas écrire le livre qui vous fait vraiment peur ?”

Ce roman est selon l’auteur, celui « qui lui faisait peur ». L’idée lui est venue en 2000 mais il a expliqué qu’il ne se sentait pas prêt. Il s’est alors consacré à d’autres ouvrages : « Sag Harbor », « Zone One » et dans un registre très différent, the « Noble Hustle », une non-fiction à la première personne sur sa participation au Poker World Series 2011 pour le compte du magazine Grantland. Il y raconte comment survivre au poker, ses rencontres avec les plus grands joueurs du monde, dont Phil Ivey, surnommé “poker face“. Ivey est qualifié de « cool et impénétrable », même s’il lui est arrivé de perdre son impassibilité devant des erreurs commises par les autres joueurs assis à sa table.

Noble Hustle commence d’ailleurs par « I have a good poker face because I am half dead inside » (« J’ai une bonne poker face parce que je suis à moitié mort à l’intérieur » ). Cet ouvrage que l’on peut traduire par « la Noble Arnaque », est un livre dans lequel l’auteur porte un regard cynique et désabusé sur la société américaine contemporaine à travers le jeu, microcosme de cette société.

D’une métaphore sur l’esclavage au récit d’un tournoi de poker, un grand écart et un exercice épineux dont semble néanmoins se tirer Colson Whitehead avec succès !

The Underground Railroad paraîtra en août 2017 chez Albin Michel, dans la collection «Terres d’Amérique». Plus que quelques mois à patienter…

 

Oriane T.

 

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