Des élections présidentielles au Bénin, au Tchad et à Djibouti, où les présidents sortants rempilent sans inquiétude

Les élécteurs béninois, tchadiens et djiboutiens ont voté pour élire leur Président de la République. Des scores qui dépassent l’entendement dans ces trois ex-colonies françaises. À Djibouti, le président sortant, Ismael Omar Guelleh,est réélu avec un score soviétique de 98,58% des voix.

Si le calme qui a caractérisé l’élection présidentielle au Bénin dans presque tout le pays est à souligner, hormis les incidents qui ont ponctué la campagne électorale, notamment dans le centre-nord du pays qui est le fief de l’ancien président Thomas Boni Yayi, il faut également noter l’inexistence d’enjeu de cette élection, malgré le taux de participation.

Au Bénin Patrice Talon est réélu avec 86% des voix pour un second mandat

Quasiment inconnus du grand public, les anciens députés Alassane Soumanou et Corentin Kohoué, adversaires de Patrice Talon, n’étaient pas de taille. Les autres candidats n’ont pas pu se présenter, faute d’avoir recueilli le nombre suffisant de parrainage exigé par le code électoral pour se présenter.

L’opposition n’a aucun élu ni au parlement, ni dans la plupart des localités et la seule candidate, Reckya Madougou, qui dit avoir recueilli les parrainages est en prison depuis le 02 mars 2021, accusée de terrorisme. Les candidats qui ont été exclus de l’élection présidentielle dénoncent le manque d’enjeux censés la caractériser. C’est le cas de Frédéric Joel Aivo. « Le président ait tout fait pour être seul face à lui-même » déplore t-il. Ce dernier assure « qu’il ne voterai pas car il n’a pas l’habitude d’aller dans des églises où l’Evangile n’est pas tiré de la Bible. Avant d’inviter tous les Béninois à faire de même ».

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Le président sortant, Patrice Talon, confiant de sa victoire dès le premier tour, loue la capacité de son pays à organiser des élections et compte sur les Béninois pour choisir le programme qui répondrait le mieux à leurs préoccupations.

« Les Béninois vont choisir le programme qui correspond le mieux à leurs attentes », a-t-il déclaré en sortant du bureau de vote. « Le Bénin se caractérise par une longue expertise en matière d’élection  ».

Cette réélection de Patrice Talon est une déception pour de nombreux Béninois, du fait de son organisation qui s’est déroulée dans des conditions malsaines avec l’exclusion des ténors de l’opposition, entre autres. En outre, Patrice Talon avait promis en 2016 qu’il ne se représentera pas pour un second mandat.

Au Tchad, Idriss Déby Itno réélu pour son sixième mandat

Au Tchad, le président sortant, Idriss Déby Itno, tout juste réélu pour un sixième mandat, a été tué alors qu’il se battait avec son armée dans le nord du pays, ce mardi 20 avril 2021. Les Tchadiens avaient été appelés aux urnes pour élire leur président le 11 avril dernier. Le président sortant qui avait fait 30 ans au pouvoir avait officiellement remporté ce scrutin dès le premier tour. Sur les sept millions d’électeurs appelés à voter, beaucoup d’entre eux n’avaient pas obtenu leur carte d’électeur :

« Je n’ai pas voté. D’abord je me suis enrôlé, j’ai cherché ma carte d’électeur en vain, je n’ai pas trouvé. Ça me fait vraiment mal ! J’ai l’âge de voter… Vraiment ça me fait mal de voir les autres voter et pas moi » témoigne un jeune homme.

Les organisations de défense des droits de l’homme comme la FIDH avaient dénoncé ces pratiques, par ailleurs inquiets de l’arrestation d’opposants. Les ronds-points et les grandes artères de Ndjamena étaient investis par des militaires, signe d’un climat de tension visible pendant la campagne. L’opposition avait appelé au boycott du scrutin, Quant au président Idriss Déby, il assurait que l’élection présidentielle s’était déroulée dans des bonnes conditions et qu’elle avait été libre. L’armée tchadienne qui a annoncé sa mort survenue hier promettent de nouvelles élections dans 18 mois.

À Djibouti, le président sortant Ismael Omar Guelleh est réélu avec 98,58 % des voix selon les résultats officiels provisoires, un score à la soviétique où il règne comme un prince depuis plus de 22 ans. Ce petit pays stratégique de moins d’un million d’habitants est tenu d’une main de fer par Ismael Omar Guelleh qui, a 73 ans, entame un cinquième et dernier mandat. En théorie, il ne pourra plus se représenter pour un sixième mandat, en raison d’une limite d’âge à une élection présidentielle.

Le premier ministre, Abdoulkader Kami Mohamed, affirme sur sa page Facebook que le taux de participation dépasserait les 77 % , contre 68 % en 2016. Un scrutin sans véritable enjeu vu la caporalisation des institutions par le président de la république durant une vingtaine d’année.

Ces trois scrutins présidentiels au Bénin, Tchad et Djibouti ont été sans réel enjeu puisque les trois candidats sortants étaient déjà assurés à gagner l’élection avant même le scrutin. L’opposition est muselée et les institutions sont inféodées au parti au pouvoir où tout est fait pour assurer au président sortant sa continuité.