Cosmologie : Les Dogons et l’Art de Sirius

Les Dogons, tribu africaine du Mali vivant sur le plateau de Bandiagara, possèdent une tradition et une cosmogonie si riche et pertinente qu’ils furent largement en avance en terme d’astronomie.

 

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Ce qui est extraordinaire, c’est que depuis plusieurs siècles, toute la cosmogonie des Dogons est commandée par Sirius B, or cette étoile n’a été découverte qu’en 1836 et identifiée comme une naine blanche qu’en 1915 !

La cosmologie Dogon qui date d’environ 700 ans avant J-C, est profondément ancrée dans les traditions de ce peuple. Il faut aussi savoir que le ciel dogon (sahélien) est si clair qu’il a permis aux ethnologues d’identifier “à l’œil nu” deux satellites de Jupiter ainsi que l’éclatante couleur rougeâtre de la planète Mars.

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tribu dogon

Les astronomes dogons connaissent donc les planètes Mars, Jupiter, Venus. Ils savaient les positionner par rapport à la Terre, et ce, sans l’apport d’instruments. Ils ont également identifié Saturne, tout cela avant les plus grands “scientifiques modernes”.

Le principe de la cosmologie Dogon est établi sur la grandeur et l’étendue du Cosmos avec pour base les connaissances suivantes:

  • Un Univers hiérarchisé et tournoyant
  • La Voie Lactée formant l’Amas galactique local et le “système stellaire externe” comprenant le Soleil et la Terre, elle est aussi une galaxie spirale en forme de disque en rotation autour de son axe.
  • La Terre ne se situe pas au centre de l’Univers mais appartient au système solaire et à l’ensemble galactique de l’Amas local.
  • Les étoiles (visibles et invisibles) qui constituent l’Univers, se déplacent selon leurs orbites respectives et forment d’immenses champs stellaires, galactiques.
  • Le cosmos est « infini » mais « mesurable »

La cosmologie est connue en Afrique Noire depuis l’Antiquité

Au Nord-Ouest du Kenya, sur les rivages du lac Turkana, on trouve l’un des premiers observatoires astronomiques sur le site de Namoratunga, datant d’environ 300 ans avant notre ère, sous forme de menhir.

Chez les Borana, peuple couchite d’Éthiopie, il y avait des astronomes nommés “ayyantu”. Ces derniers étaient spécialistes dans l’examen de la position relative de la Lune qui leur servait à déterminer astronomiquement les jours et les mois ainsi que l’étude des étoiles Triangulum, Pléiades, Aldebaran, Bellatrix, les étoiles du centre d’Orion, de Saïph et de Sinus.

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la clepsydre en albâtre de Karnak

En Égypte, la clepsydre en albâtre de Karnak que l’on peut voir au Musée du Caire, date de la fin de la XVIIIe dynastie (période Aménophis III) et représente les constellations de la Grande Ourse, du Scorpion, d’Orion, l’étoile Sinus, les planètes Jupiter, Saturne, Mercure et Vénus (photos).

Nul ne peut, en conséquence, nier l’apport de l’Afrique noire dans le domaine de la connaissance du Cosmos. N’oublions jamais que nous devons aux Dogons la découverte du système de Sirius, une étoile double de la constellation du Grand Chien.

Une Europe en retard de 15 siècles

Pendant longtemps (près 14 siècles), l’Occident eut une conception très contestable et limitée, plaçant la Terre au centre de l’Univers, la lune, le soleil et les planètes accrochés chacun à une sphère invisible au niveau de son équateur. Malgré leurs acquis tirés des Égyptiens, les astronomes grecs furent les premiers à diffuser cette conception erronée du monde comme en témoignent les écrits de Ptolémée qui purent être sauvés des flammes qui ravagèrent la grande bibliothèque d’Alexandrie au VIIe siècle, ainsi qu’Hipparque, “brillant” astronome de l’Antiquité.

Cette conception de la création de l’Univers fut propagée par les musulmans et perdura durant 1500 ans dans toute l’Europe. Ce fut Copernic (1473-1543) qui reprit l’hypothèse d’héliocentrisme. Il évoqua une Terre tournant autour du soleil. Cette thèse fut confirmée seulement dans la première moitié du 18ème siècle, grâce à Isaac Newton.

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Cheikh Anta Diop dans son livre “Civilisation ou Barbarie”, nous offre une belle conclusion en ces mots:

“Il existe une tradition scientifique africaine: Nous voyons combien ces doctrines anciennes de l’Afrique sont précieuses pour l’archéologue de la pensée africaine, et ne serait-ce que pour cela, leur étude sera toujours indispensable au penseur africain, s’il veut bâtir une tradition intellectuelle à partir du terrain historique.”

 

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