« Fiston, j’en ai bouffé des idées de projet, j’en ai eu une indigestion avant les fêtes de fin d’année ! Si c’est un projet loin de nos préoccupations africaines, sans équipe ou un collectif adapté à l’Afrique, laisse tomber ! J’ai des projets plein les placards et des plus pertinents que le tien. Si tu les veux, viens, car tu es un homme de terrain ! » confit un ministre à un ami.
En effet, on ne peut que sourire face à cette profusion d’idées qui fourmillent dans les milieux de la diaspora; des intellectuels productifs et des porteurs de projet inventifs dont les thèses et les rapports ne servent qu’à remplir les étagères de nos institutions et de divers organismes.
Des intellectuels et des porteurs de projets qui se voient souvent “mis au placard” en raison de leur appréhension à se confronter directement à la réalité du continent dans toute sa dureté. Ces derniers songent rarement à constituer une équipe ou un réseau de diffusion de leurs idées pour tester leurs faisabilités, asseoir leurs crédibilités et se prémunir des détournements de projet.
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Produire pour produire, sans prendre en considération le fait que nos États et/ou nos institutions sont généralement dans l’incapacité de structurer et mettre en œuvre les projets ou les idées qu’on leur apporte, et cela, même si de rares incubateurs existent dans nos pays, est une grave erreur. Il est donc très important de prendre un minimum de temps pour étudier l’environnement économique, social et étatique de nos pays avant de se lancer. Il ne faut surtout pas que les porteurs de projets se disent : “C’est mon pays, je le connais !”
En effet, ce sursaut d’orgueil nous fait malheureusement oublier qu’en 3 ans, très peu de nations ont subi des changements perceptibles et tangibles
Les énergies que nous dépensons à tort et à travers, devraient être davantage (et en premier lieu) utilisées pour exiger sériosité, minutie et transparence de la part de ces institutions et organismes, car sans cela, comment espérer l’aboutissement d’un projet dans certains États de non-droit ? Il serait vraiment préférable de voir ces intellectuels et porteurs de projets engagés dans cette lutte pour l’égalité des droits et l’établissement de l’état de droits dans nos pays. Aussi brillants soient-ils, leur manque de réalisme doublé d’individualisme est un réel handicap face à cette Afrique qui offre pourtant pas mal d’opportunités.
Constituer son réseau et son équipe projet, en bonne intelligence collective, est donc un des premiers atouts pour donner un sens au travail, car c’est bien l’expertise, sur le terrain social et collaboratif, qui garantira l’idée et non l’idée en elle-même.
L’impact d’une réflexion conceptuelle pour contribuer à l’éveil et à la structuration de nos sociétés africaines, doit mener à des actions ciblées et graduées pour résoudre nos problèmes de terrain. Ainsi, la réalisation de nos projets ne saurait se concevoir dans notre sphère “diasporique”, loin des réalités du terrain, sans une équipe apte à nous soutenir.
En outre, si seuls la gloire et l’argent motivent nos intellectuels et porteurs de projet, qu’ils sachent que le travail collaboratif et le social business (qui se développent à grands pas) les laisseront fatalement sur le carreau avec pour seul salaire l’anonymat.