politique

Guinée : des personnes impliquées dans le massacre du 28 septembre 2009 sanctionnées par l’Union Européenne

par Mamadou

18 mai 2021

L’interdiction de voyager dans l’espace de l’Union Européenne ainsi que le gel de leurs avoirs en Europe, telles sont les sanctions prises à l’encontre de cinq personnes impliquées dans le massacre du 28 septembre 2009, en Guinée. Ce dernier avait fait plus de 150 morts et plusieurs femmes violées, ce qui est désormais qualifié de crime contre l’humanité.

Après la mort du général Lansana Conté survenue le 22 décembre 2008, et la prise du pouvoir par la junte militaire dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara (actuellement en exil à Ouagadougou), un vent d’espoir renait chez les Guinéens, suite aux promesses qui foisonnent dans les discours des militaires. La junte militaire promet d’organiser des élections libres, transparentes et crédibles qui redonneront le pouvoir aux civils après un pouvoir militaire ayant duré pendant 24 ans. De fil en aiguille, ces discours promoteurs laissent place à des prises de paroles de plus en plus violentes et menaçantes quant à l’intention du président de la junte de se présenter à l’élection présidentielle.

Deux gendarmes qui s’en prennent à un civil lors de la manifestation au stade du 28 semptembre en 2009

Voyant le danger venir, l’opposition guinéenne anticipe et organise une manifestation grandiose, au stade du 28-Septembre, pour exprimer son désaccord face à cette candidature. Comme dans toutes les dictatures, les militaires font usage de la force et tirent sur les manifestants, tuant plus de 150 personnes et violant plusieurs femmes. Depuis ce massacre qualifié de crime contre l’humanité, aucun procès n’a eu lieu en vue de sanctionner les auteurs de ces crimes. Le régime en place ne fait aucun effort pour mener des enquêtes et juger les auteurs de ce massacre, certains d’entre eux occupant même des postes de haute responsabilité dans le régime.

Une des victimes du massacre qu’on fait monter dans un pick up des forces de sécurité pour rejoindre son dernier demeure

Cette situation est inadmissible pour l’Union Europpéenne qui a pris des sanctions contre cinq personnes du régime de la junte militaire en attendant d’avoir un procès qui mettra toute la lumière sur ce dossier. Josep Borrell Fontelles, Haut Représentant et Vice-président de la Commission Européenne indique que « l’Union européenne a toujours demandé que les auteurs soient jugés, ce qui n’est pas malheureusement pas le cas ». Il rappelle que « cinq individus font l’objet de sanctions de l’Union européenne, à savoir : interdiction de voyager sur le sol de l’Union Européenne et gel de leurs avoirs ». Selon lui, le « renouvellement de ces sanctions sera examiné en septembre ».

Parmi les cinq personnes qui font l’objet de ses sanctions, il y a l’ancien chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara et le colonel Tiégboro Camara, directeur de l’Agence nationale chargée de la lutte contre le trafic de drogue, la criminalité organisée et le terrorisme en Guinée. Ce dernier occupe le même poste actuellement, ce qui montre le manque de volonté de ce régime actuel de faire la lumière sur ces massacres du 28 septembre 2009.

Le colonel Tiégboro camara un des accusés du massacre du 28 septembre

Néanmoins, le gouvernement guinéen s’est exprimé suite à la publication de la correspondance de Bruxelles, faisant part de sa volonté politique à organiser ce procès. Dans son communiqué, il indique que « la justice avance dans ce dossier et informe régulièrement de l’évolution de l’instruction en attendant la tenue d’un procès. Le processus judiciaire suit son cours normal ».

Dans la loi de finances 2019 est inscrite une ligne spécifique de 60 milliards de francs guinéens, soit près de 60 millions d’Euros pour financer le procès. En outre, l’État guinéen s’était engagé à construire un bâtiment pour abriter le procès. La pose de la première pierre a eu lieu il y a quelques années mais les travaux n’ont guère avancé depuis. Au vue la terreur et l’injustice qui règnent actuellement en Guinée, ce régime qui a fait plus de morts que la junte militaire, n’est pas qualifié pour juger un crime dont certains présumés auteurs occupent en son sein des postes à responsabilité de premier rang.