Guyane: 500 frères, 18 revendications, 1 seul message

Cela fait déjà plusieurs jours que la Guyane est sous le coup d’une grève générale. Le ras le bol de la population est porté par le collectif “500 frères” qui se propose comme solution contre la délinquance et l’insécurité record dans la région.

 

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C’est à la mi-février que le collectif voit le jour, après le meurtre d’un jeune homme dans un quartier populaire. Exaspérés par un climat d’insécurité qui sévit depuis quelques années, plusieurs hommes, notamment des ex policiers, ont décidé de prendre les choses en mains dans leur propre quartier. Composés d’une centaines d’hommes à ses début, dont des artisans, des pêcheurs ou encore des employés, le collectif a très vite été rejoint par des entités telles que l’organisation “Trop Violans” qui avait elle-même, lancé une manifestation contre la délinquance début février.

Collectif non violent contre la violence

Vêtus de noirs et cagoules, les 500 frères se veulent “imposants” avec leur slogan “nou bon ké sa” (on en a marre). Multipliant les sorties médiatiques et les actions coup de poing, le collectif veut se faire entendre. Mickaël Mancée, est l’un des porte-paroles du collectif et policier en disponibilité :

“Nous ne sommes pas une milice. Si on n’était pas choquants, personne n’entendrait parler de nous. La peur fait avancer l’homme”, explique-t-il à Vice News.

1er coup d’éclat le 17 MARS lors de la visite de Ségolène Royale

Une quarantaine de membres cagoulés fait irruption à la 14ème conférence de la Convention de Carthagène à laquelle Ségolène Royal participe, interpellant la ministre en lui demandant d’agir pour “arrêter la violence” : “Nous ne sommes pas des méchants. Vous êtes en sécurité avec nous, ce n’est pas la peine d’appeler des renforts”.

Malgré le fait que le collectif se revendique non-violent, certains de leur coup d’éclat ne font pas l’unanimité et leur vaut parfois d’être qualifiés de milice à caractère facétieux, selon Mediapart. Le collectif bénéficie tout de même d’un soutien populaire de plus en plus important. Les 500 frères sont devenus les porte-paroles de la contestation. Ce sont eux qui ont accueilli la délégation interministérielle envoyée samedi 25 mars.

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“Nos revendications datent de plusieurs années”

Olivier Goudet, président de Tròp Violans, à Guyane 1ère :

« Nous ne sommes pas là pour empêcher les gens de survivre, et on ne pense pas qu’on va changer le monde. On s’attaque simplement à l’insécurité. On ne l’accepte plus. Nous ne nous substituons pas à la police : nous sommes des sentinelles. »

Des revendications uniquement tournées sur la non-violence. Pour cause, une délinquance plus élevée que dans la région PACA.

Voici un aperçu des revendications du collectif “500 frères ”

1 Élargissement de l’état d’urgence à la Guyane

2 État des lieux de la délinquance par les services de la préfecture

3 Prorogation de l’escadron de gendarmerie mobile au-delà du mois d’avril (lire notre édition du 24 février sur le sujet)

4 Orienter le travail des effectifs de police et de gendarmerie en fonction des spécificités locales en matière de délinquance. Réorienter le travail de l’escadron de gendarmerie mobile vers des missions « coup-de-poing », notamment dans les squats et les quartiers dits sensibles, dans toute la Guyane.

5 Développer le travail des forces de l’ordre sur les infractions de non-justifications de ressources des personnes interpellées (ex : chaînes en or, voitures de luxe etc…). « Il n’y a pas de voleurs sans receleurs. Les personnes visées sont les délinquants bien identifiés et en possession d’une quantité non négligeable de bijoux » , explique Olivier Goudet.

6 Instaurer une meilleure coordination entre les services de police nationale, de police municipale, de gendarmerie et de Justice

7 Réouverture des débats et négociations avec les autorités des pays voisins en vue d’une meilleure coopération policière et d’accords renforcés d’extradition des délinquants.

8 Créer une véritable politique de lutte contre le trafic d’armes à feu, notamment à l’intention des jeunes

9 Faciliter les dépôts de plainte, avec une ouverture des bureaux la plus large possible, et limiter les temps d’attente

10 Faire remonter au gouvernement les dysfonctionnements et incohérences du système de formation initiale et continue des effectifs de police en matière pénale

11 Augmenter les moyens matériels et humains de la police nationale

12 Favoriser le retour en Guyane des policiers guyanais exerçant dans l’Hexagone et souhaitant revenir travailler chez eux

13 Construire un commissariat ou une annexe de commissariat à Saint-Laurent

14 Construire un tribunal et une prison dans l’Ouest (lire notre édition du 25 février sur le sujet)

15 Lutter contre le sentiment d’impunité des jeunes délinquants faisant l’objet de sanctions pénales pas toujours à la hauteur

16 Élaborer une politique de suivi des personnes aidées socialement

17 Mettre en place des « grands frères » dans tous les quartiers de Guyane

18 Donner la priorité à la lutte contre les squats, les trafics de drogue, et les rassemblements de délinquants sur la voie publique et devant les commerces de proximité notamment

Aujourd’hui ont eu lieu de nombreux rassemblements dans toute la région où d’autres collectifs et beaucoup de manifestants ont défilé. Les “500 frères” ont demandé à s’entretenir directement avec le Premier ministre Bernard Cazeneuve.

“Ce sont tous des hauts-fonctionnaires qui ont tous été en poste ici et qui n’ont rien fait”, explique un membre du collectif. “Saluez le ministre pour nous et dites-lui de venir”…

Alors message reçu ?

 

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