Le président Jovenel Moïse a reporté le référendum constitutionnel prévu le 27 juin prochain, en Haïti. En cause, une forte contestation de l’opposition et la pandémie de Covid-19 qui fait rage dans le pays.
L’administration électorale a annoncé lundi 7 juin le report du référendum constitutionnel en raison de la crise sanitaire causé par l’épidémie de coronavirus.
Conseil électoral provisoire (CEP) dans un communiqué
“Cette décision est motivée par les difficultés pour le conseil de rassembler et de former l’ensemble du personnel vacataire pour la réalisation du scrutin »

Photo: afp.com/Valerie Baeriswyl
La situation en Haïti est de plus en plus critique avec l’arrivée du nouveau variant britannique et brésilien. L’hôpital Saint-Luc à Port-au-Prince, la capitale haïtienne, est saturée. Raison pour laquelle le président Jovenel Moïse a prolongé l’état d’urgence de deux semaines depuis le 1er juin.
Maladi Kowonaviris ke yo rele tou COVID-19 la toujou la. Maladi sa a pagen prejije Nou tout ka pranl. Nap mande tout moun pou yo tande epi aplike konsèy MSPP yo. Pafè neglijans. Ansanm annou batay kont pandemi Kowonaviris la. pic.twitter.com/mr84gFczEI
— Président Jovenel Moïse (@moisejovenel) January 26, 2021
L’opposition contre ce référendum
L’opposition du président qui gouverne par décret et sans contre-pouvoir depuis janvier 2020 demande l’annulation de ce référendum.
« C’est un prétexte que d’évoquer le Coronavirus : le gouvernement se retrouve empêtré dans un projet de référendum inconstitutionnel illégal, illégitime et impopulaire »
l’ancien député Jerry Tardieu.

La légitimité de Jovenel Moïse est de plus en plus contestée dans l’opposition politique et de nombreuses organisations de la société civile. Même dans le camp du président, certains accusent la procédure de ne pas respecter les dispositions actuelles de la constitution.
Fin mai, une ambassadrice américaine de l’ONU avait critiqué ce projet de référendum en jugeant qu’il n’était « pas suffisamment transparent ou inclusif ».
Insécurité grandissante
L’Union Européenne a annoncé qu’elle ne comptait pas financer l’organisation de ce référendum, jugeant le processus pas assez démocratique.
Depuis février 2021 Haïti est au bord de la rupture et le sentiment d’insécurité s’accroît. De plus, la semaine dernière, l’accès à la partie sud du pays était impossible, en raison d’affrontements entre gangs qui se disputent un quartier de Port-au- Prince. De mars à mai, plus de 20 enlèvements par jour en échange de rançon ont été signalés aux autorités locales.
Organiser un référendum qui engage l’avenir politique du pays avec ce climat d’insécurité parait compliqué à l’heure actuelle.