En France, le hijab est, en raison de sa “connotation religieuse”, proscrit dans bon nombre de corps de métier. Résultat : malgré leurs qualifications, les femmes voilées font face à la discrimination à l’embauche de la part d’entreprises qui s’appuyant sur la loi, n’autorisent pas le port du voile.
Parce qu’elles sont musulmanes et portent le voile, elles ont moins de chance d’obtenir un poste par rapport à une candidate qui ne le porterait pas. Tel est le quotidien de nombreuses musulmanes désormais contraintes de quitter leur pays natal, la France, afin de trouver du travail à la hauteur de leurs compétences.
LE HIJAB, UN FREIN À L’EMPLOI
Le travail n’est pourtant pas ce qui manque dans le pays des droits de l’Homme ! Mais lorsque qu’il s’agit d’accueillir une femme voilée au sein d’une entreprise, les secteurs qui recrutent deviennent étrangement hermétiques.
En 2010, la France prend la décision de bannir le port du voile dans la fonction publique. Dès lors, les femmes voilées se voient systématiquement refusées l’accès aux métiers du secteur public. La loi de 1905 vient en appui à cette règle puisqu’elle interdit le port de signes ostentatoires. Le secteur privé reste, quant à lui, neutre sur la question, puisqu’aucune loi ne précise la tenue à adopter.
Le secteur privé qui rassemble des organisations et des entreprises, n’étant pas géré par l’État, il n’est régi par aucune loi. Aussi, les femmes voilées sont nombreuses à travailler au sein de ce dernier qui, de manière implicite, autorise le port du voile.
Cependant, l’accès à l’emploi semble difficile pour ces femmes qui voit leur champ des possibles réduit à cause de ce signe religieux que représente le port du voile.
C’est pourquoi, de cette frustration est né un réseau d’entraide particulièrement actif, au sein de cette communauté. En effet, il existe des forums de discussions autour de la question. À l’instar du Yabiladi, un forum marocain qui donne par exemple accès à des conversations sur le sujet. Les avis n’y sont pas divers et transpirent l’esprit communautaire.
On y lit « En gros en France, travailler avec ton voile est juste un rêve puisqu’il fait partie des ennemis de ce pays ». La suite confirme la solidarité de cette minorité « J’ai un peu le même problème que toi je réfléchis à une reconversion pro parce que j’ai mis le voile depuis quelques mois et il m’est impossible de le garder au travail. Ceci dit, il y a bien en France des métiers où le voile est toléré mais le choix est limité, à moins d’être à son compte ! » explique le pseudonyme Sha-Sha.

De fait, beaucoup se retrouvent donc dans le même corps de métier parce que la France exclue ces femmes de certaines fonctions.
LE ROYAUME-UNI MODELE D’INCLUSION
Si la France rejette le voile, ce n’est pas le cas de l’Angleterre, le nouvel eldorado des femmes voilées ! Au Royaume-Uni, celles-ci n’ont pas de restrictions quant au choix de leur métier. L’année dernière, une femme voilée est devenu la première juge à porter le hijab au Royaume-Uni. Inspiration pour les femmes portant le hijab, elle explique vouloir « s’assurer que le son de la diversité soit entendu ». Depuis ses 11 ans, Raffia Arshad rêvait de cette carrière juridique avec pourtant une certaine appréhension, celle de ne pas trouver, au sein de ce corps de métier, des personnes qui lui ressemblent. Chose compréhensible pour cette maman de trois enfants qui considère l’identification comme primordiale.

Raffia Arshad, 1ère juge à porter le hijab en Angleterre – Actuelles – Magazine de la femme marocaine
Même scénario, il y a quelques mois avec Uroosa Arshid, première femme sapeur-pompier à porter le hijab au Royaume-Uni. Elles sont également maires, journalistes ou avocates. Parmi elles, des femmes qui ont grandi et étudié en France.

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Pour les femmes voilées, la Grande-Bretagne fait l’unanimité. En 2005 lorsqu’une lycéenne âgée de 15 ans obtient le droit de se rendre à l’école avec le hijab, on assiste à une scène d’une singularité à couper le souffle du point de vue d’un français. À ce moment-là, les Britanniques ne savent pas que ce n’est que le début d’une vague d’autorisations. Ces décisions sont le reflet du respect du choix de ces femmes en matière de pudeur. En 2006, une avocate a pour la première fois la permission de se rendre au tribunal avec son hijab, à la seule condition d’être audible. Des choix que le territoire assume pleinement.
Stephan Evans, le directeur général de l’association, National Secular Society, qui défend le sécularisme explique : « La laïcité n’existe pas chez nous. Nous avons une Église d’État, et la reine est à la fois la cheffe de l’État et la gouverneure suprême de l’Église d’Angleterre ».
Il ajoute « Nos fonds publics servent également à financer les écoles religieuses du pays, car un tiers des établissements publics du Royaume-Uni ont aujourd’hui une orientation religieuse. Et au fil des ans, à mesure que la société se diversifiait, au lieu des principes de laïcité, nous avons adopté un modèle multiconfessionnel qui accorde des privilèges à toutes les religions aux côtés de l’Église d’Angleterre ».