Le président haïtien, Jovenel Moïse, assassiné à son domicile
Le Président de la République d’Haïti, Jovenel Moïse, a été assassiné à son domicile, à Pétion-Ville, dans la nuit de mardi à mercredi, par un groupe de mercenaires. L’homme d’État âgé de 53 ans, membre du Parti haïtien Tèt Kale, avait été élu président de la République d’Haïti le 7 février 2017.
L’annonce a été faite au petit matin dans un communiqué du Premier ministre sortant, Claude Joseph. Le Président Jovenel Moïse a été assassiné dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 juillet 2021 par un commando étranger. « Le Président a été assassiné chez lui par des étrangers qui parlaient l’anglais et l’espagnol. Ils ont attaqué la résidence du président de la République ». Il a par ailleurs ajouté que la situation sécuritaire était sous contrôle.
Martine Moïse, la femme du défunt président, a également été touchée. Transférée en urgence à Miami, son état est actuellement stable. « La première dame est hors de danger, elle est soignée en Floride, et selon les informations que nous avons, sa situation est stable », a affirmé Claude Joseph, mercredi soir, à la télévision.
D’après l’ambassadeur d’Haïti aux États-Unis, cet attentat a été réalisé par des professionnels qui se sont fait passer pour des membres de l’Agence anti-drogue américaine. Quatre mercenaires sont morts durant l’assaut tandis que deux autres ont été arrêtés, d’après le chef de la police haïtienne. Ce dernier a indiqué que « Trois policiers qui avaient été pris en otage ont été récupérés ». Aucune information n’a été révélée sur l’identité et les motivations des auteurs.

Le Premier ministre déclare l’état de siège
Dans une allocution, le Premier ministre a annoncé l’état de siège pour une durée de quinze jours, ce qui devrait renforcer les pouvoirs de l’exécutif. Appelant la population au calme, Claude Joseph a promis que les auteurs de ce crime allaient payer devant la justice. L’aéroport de Port-au-Prince a été fermé et la République Dominicaine a fermé ses frontières avec le pays le pauvre d’Amérique.
Face à la situation, le Conseil de sécurité de l’ONU a décidé, à l’initiative des États-Unis et du Mexique, de se réunir en urgence dès ce jeudi. La veille, l’instance internationale avait appelé « toutes les parties à rester calmes, à faire preuve de retenue et à éviter tout acte qui pourrait contribuer à accroître l’instabilité » à Haïti.
Dans un communiqué de presse, Joe Biden a déclaré :
« Nous sommes choqués et attristés d’apprendre l’horrible assassinat du Président Jovenel Moïse et l’attaque contre la Première dame d’Haïti, Martine Moïse. Nous condamnons cet acte odieux, et j’adresse mes vœux les plus sincères de rétablissement à la première dame Moïse. » Il a ajouté que les Etats-Unis étaient prêts à apporter leur aide.
We are shocked and saddened to hear of the horrific assassination of President Jovenel Moïse and the attack on First Lady Martine Moïse of Haiti. We condemn this heinous act — and stand ready to assist as we continue to work for a safe and secure Haiti.
— President Biden (@POTUS) July 7, 2021
Insécurité grandissante
Depuis maintenant plusieurs années, l’insécurité règne dans le pays. Au pouvoir depuis 2017, Jovenel Moïse avait laissé prospérer les gangs, à l’instar e de la police locale. Les enlèvements contre la demande de rançon sont monnaie courante dans le pays.

Le Président venait tout juste de nommer son septième Premier ministre en quatre ans, Ariel Henry, un proche de l’opposition politique. Cependant, sa nomination était contestée, l’opposition réclamant le départ du président. M. Moïse lui avait fixé pour objectif de « former un gouvernement d’ouverture », de « résoudre le problème criant de l’insécurité » et d’œuvrer à « la réalisation des élections générales et du référendum ».
Ce référendum initialement prévu le 27 juin avait été récemment reporté au 26 septembre 2021. Référendum largement contesté par l’opposition, car il ne respecterait pas les lois de la constitution. Deux avant-projets déjà présentés proposaient de supprimer le Sénat et d’ouvrir la possibilité d’effectuer deux mandats présidentiels successifs.