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Le Togo sans le peuple

par Winston

22 avr. 2024

Un gouvernement coupé de son peuple ? Tel est le nouveau projet de l’actuel président du Togo, Faure Gnassingbé, dans les faits mais également dans la constitution ! On vous raconte.

Le 25 mars 2024, l’Assemblée nationale togolaise, dominée par le parti au pouvoir “Union pour la République” (UNIR), a validé une réforme constitutionnelle privant le peuple d’élections présidentielles. Votée par 89 députés au parlement, cette nouvelle loi fait basculer le pays dans une république parlementaire.

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Commençons par poser le tableau politique du Togo. Ce pays est dirigé par la même famille depuis près de 60 ans, avec Étienne Eyadéma Gnassingbé, dit Gnassingbé Eyadéma, arrivé au pouvoir en 1967, après avoir renversé Nicolas Grunitzky, second président de la République du Togo. Gnassingbé Eyadéma dirigera le pays jusqu’à sa mort, en 2005. Son fils, Faure Gnassingbe, lui succédera et prendra le pouvoir en moins de 24h. Une passation de pouvoir digne d’un régime monarchique !

Gnassingbé Eyadéma

Revenons à cette nouvelle constitution : en quoi va-t-elle concrètement affecter la direction du pays ? Premièrement, le droit fondamentale du peuple, qui est celui de décider de qui sera à la tête du pays, lui a été retiré à son insu. Ensuite, il revient désormais au parlement togolais d’élire le président de la République pour un mandat unique de six ans. Enfin, le vrai pouvoir décisionnaire est détenu par le “président du conseil des ministres”, une sorte de “super premier ministre” sans limite de mandat, désigné par les députés.

Le président togolais Faure Gnassingbé, à Kara (Togo), le 22 février 2020.

Comment interpréter cette manœuvre de l’actuel président, à quelques semaines des élections législatives ? N’est-ce pas le moyen pour lui et son parti de garder la mainmise sur le pays, en étant désigné pour cette fonction ?

Il est, en outre, légitime de se demander si ce tour de passe-passe constitutionnel n’est pas une façon pour le gouvernement actuel de déjouer la vague libératrice ouest-africaine et d’assurer la pérennité du système politique actuel…

Quoi qu’il en soit, la loi va être proposée à un deuxième vote, afin de calmer les protestations de l’opposition et du peuple.

Togo aɖu dzi !