La connaissance africaine au delà d’une transmission orale
L’idée que l’éducation en Afrique antique fut uniquement orale et non écrite est un mythe. Dans son livre, “Reversing Sail : A History of the African Diaspora”, le Dr Michael Gomez, auteur et professeur d’histoire du Moyen-Orient et d’études islamiques à l’Université de New York, déclare qu’à partir de – 300 avant JC, la civilisation de Méroé a développé un système d’écriture propre. Cette supposition selon laquelle la plupart des sociétés d’Afrique, au sud du Sahara, auraient ignoré l’usage de l’écriture et se seraient par conséquent privées d’un instrument de transmission et de transformation cognitive et sociale est fausse. Les preuves à l’encontre de cette conception qui a la vie dure ne sont plus d’une grande nouveauté.
Les Africains alphabétisés bien avant les Européens
Le Dr Gomez déclare qu’alors que du point de vue occidental, l’intellect et l’éducation datent de l’époque de Socrate et de Platon, les populations d’Égypte et de Nubie ont développé « une civilisation alphabétisée, urbaine et technologiquement avancée », des siècles avant la création de Rome ou d’Athènes. En fait, dans son livre « Echoes of Ancient African Values» , le Dr Joseph Bailey, un chirurgien orthopédiste à la retraite, devenu expert en histoire africaine antique et en expériences afro-américaines, affirme que « les modifications de l’écriture égyptienne ont servi de base pour les « nouvelles écritures » développées concernant de nombreuses langues sémitiques telles que le phénicien, l’hébreu, l’araméen, etc…»
Selon le roi Amon (ou dieu Thot), cette connaissance de l’écriture qui a été transmise aux hommes, aura pour résultat, chez ceux qui l’auront acquise, de rendre leur âmes oublieuses, parce qu’ils cesseront d’exercer leur mémoire, mettant en effet leur confiance dans l’écrit. C’est du “dehors”, grâce à des empreintes étrangères et non du “dedans” c’est-à-dire grâce à eux-même, qu’ils se remémoreront les choses. Phèdre (274e-275a) dira ceci : “Ce n’est donc pas pour la mémoire, c’est pour la remémoration que tu as trouvé un remède.”
L’Afrique a accueilli l’une des plus anciennes universités du monde
Fondée en l’an 989 par l’érudit et juge en chef de Tombouctou, Al-Qadi Aqib ibn Mahmoud ibn Umar, la mosquée de Sankoré, ou l’Université de Sankoré, est l’une des plus anciennes écoles d’enseignement supérieur au monde. Une riche femme du nom de Mandika financa Sankoré en fera un centre d’éducation de premier plan, selon Muslimheritage.com.. K.C MacDonald, professeur d’archéologie africaine à University College of London’s Institute of Archaeology, écrit que l’Université de Tombouctou « n’avait pas d’administration centrale, de registres d’étudiants, ni de cours prescrits; mais qu’elle était plutôt composée de plusieurs écoles ou collèges entièrement indépendants, chacun dirigé par un seul maître ou imam. » Cette université aurait produit plus de 700.000 manuscrits. De tous les érudits de Tombouctou, le plus fameux est sans aucun doute Ahmed Baba (1556-1627), un scientifique, théologien, philosophe et humaniste prolifique, auteur de plus de 50 livres traitant tous de sujets différents, également recteur de l’Université de Sankoré. Pour rencontrer cet ancien disciple du savant Mohammed Bagayoko, les érudits de tous les pays musulmans viennent régulièrement à Tombouctou.
On vient de toute part pour être enseignés par les Africains
Dans les années 1100, les Africains d’al-Andalus, un État médiéval constitué de l’ensemble des territoires de la péninsule ibérique, sont sous domination musulmane de 711 (premier débarquement) à 1492 (chute de Grenade). Les Andalousiens de l’époque contribuent de manière significative à la « période intense de production intellectuelle et culturelle » qui durera 800 ans. L’intelligence africaine d’Ibérie sert de base à la Renaissance européenne qui débute dans les années 1500 et qui dure jusqu’en 1800. En outre, on vient des quatre coins du monde pour étudier dans les universités de Tombouctou à l’époque des empires du Mali et du Songhaï. En fait, les savants européens les plus illustres, comme Hérodote, partent en Afrique afin d’obtenir des connaissances et des informations.
« À l’ouest du fleuve Tritonis (en réalité le nord car Hérodote se trompe dans l’orientation du littoral africain), les Libyens possèdent des maisons et se nomment Maxyes. Ils laissent croître leurs cheveux sur le côté droit de la tête, rasent le côté gauche, et se peignent le corps avec du vermillon ». Cette description pourrait se référer aux Numides et aux Maures. (Hérodote)
Traditionnellement, tout le monde participe au processus éducatif
“Il faut un village pour élever un enfant”. En ce qui concerne l’éducation en Afrique avant l’arrivée des Européens, chaque génération est impliquée. Ce qui est encore le cas dans beaucoup de pays africains. Dans son livre, « Histoire et développement de l’éducation en Tanzanie », le professeur AK Philémon Mushi, premier directeur et fondateur de la Mkwawa University College of Education, confirme que l’éducation des autochtones en Afrique se caractérise par le « processus de passage entre les membres de la tribu et d’une génération à l’autre, de la connaissance, des compétences, des traditions culturelles, des normes et des valeurs de la tribu […] ». L’apprentissage est basé sur la participation active de l’enfant aux différentes activités du groupe. Il s’agit là d’une pédagogie du vécu où les adultes servent d’exemple et de cadre de référence à l’action des jeunes.
L’éducation en Afrique est sans fin
L’éducation africaine est alors un processus qui dure toute une vie. Dans son article, « L’histoire de l’éducation en Afrique de l’Est » , Sam Witerson, un enseignant de Dar es Salaam, en Tanzanie, affirme que « l’éducation des peuples autochtones africains était un processus continu d’apprentissage par lequel une personne passait par des étapes prédéterminées de la vie d’étudiant, du berceau à la tombe. » L’éducation est un voyage, non pas un tremplin vers un succès monétaire. Elle est aussi une éducation mystique, car elle est basée sur la conception animiste et les croyances religieuses. Ce qui nous entoure est naturel et nous le voyons mais il existe un monde invisible qui n’est perçu que par ceux qui ont « quatre yeux ».
L’afrique développe un système scolaire très complexe et très impressionnant
Le regretté George Granville Monah James était un auteur et historien Sud-américain. Dans son livre, «Stolen Legacy» , il traite du système de l’école égyptienne des mystères. Dans les universités d’Égypte, la grammaire, la rhétorique et la logique suppriment l’irrationalité. La géométrie et l’arithmétique abritent les théories et les techniques dans lesquelles les individus suppriment les problèmes, à la fois intérieurement et physiquement. Et l’astronomie donne aux individus la possibilité d’acquérir des connaissances et d’examiner le destin. Enfin, la musique sert de « pratique vivante de la philosophie. »

Les Écoles des Mystères égyptiennes ont inspiré la philosophie grecque
Dans « Stolen Legacy », James découvre les cinq principaux éléments qui relient la philosophie grecque aux Écoles des Mystères égyptiens. Premièrement, de nombreux philosophes grecs ont trouvé qu’étudier les sciences était essentiel; c’est la condition pour adhérer au système des Mystères égyptiens. Deuxièmement, les quatre vertus cardinales de Platon ressemblent fortement aux 10 vertus du système des Mystères égyptiens. Troisièmement, les institutions religieuses de la Grèce portent une ressemblance frappante avec les temples d’Égypte; tout comme les palais religieux et temples d’Égypte, les institutions religieuses d’Occident sont souvent construites en pierre et caractérisées par des entrées bordées de statues, de grandes cours et des plafonds qui rappellent le ciel avec des peintures de nuages ou d’étoiles. Quatrièmement, le temple de Delphes, qui est souvent mentionné tout au long des légendes de la mythologie grecque, était entièrement égyptien. Et Cinquièmement, tandis que les anciens dirigeants de la Grèce se sont opposés à l’influence égyptienne, de nombreux philosophes de la Grèce antique ont imité le culte égyptien.
L’éducation en Afrique a été enracinée dans le collectivisme par opposition à l’individualisme
