L’étrange cas du Dr Huxtable & de M. Cosby (4/6)


Hip-hop head afro-caribéen, pURpRo est passionné par la pop culture afro-américaine. Son intérêt pour les classiques de la Pensée négro-africaine ainsi que sa sensibilité aux questions qui traversent le Monde Noir contribuent à nourrir cette passion. Dans ce quatrième volet, notre chroniqueur pURpRo met l’accent sur la manière dont Bill Cosby qui fut par ailleurs, l’un des acteurs phare de la célèbre série télévisée I Spy diffusée entre 1965 et 1968, a contribué de façon décisive, à revaloriser l’image des Noirs dans le paysage audiovisuel américain, notamment avec Cosby Show et A Different World, marquant ainsi des générations d’Afro-américains et au delà…


Le Dr Huxtable et sa contribution à l’amélioration de l’image des Noirs dans le paysage audiovisuel américain…

Un héritage     

   

Je vois que des critiques sont formulées, de façon sporadique, au sujet d’une image jugée trop idyllique, trop difficile à concrétiser. Il n’est, certes, pas donné à tout le monde de trouver ou de construire quelque chose d’équivalent. Nous sommes nombreux à en avoir une petite idée. Pour autant, je me dis que ce n’est pas une image parfaite. La perfection est ennuyeuse, insipide. C’est une image positive plausible. Une image positive dans laquelle il est possible de se reconnaître, de se projeter :Representation matters, surtout quand il s’agit de faire face aux agressions symboliques que tout humain afro-descendant subit en permanence dans le monde occidental.

Le Cosby Show (1984-1992) s’est arrêté une saison avant ADW. Je me dis que, de 1984 à 1993, Bill Cosby aura contribué de façon décisive à revaloriser l’image des Afro-américains. Son travail aura, directement ou non, ouvert des portes à nombre d’acteurs et de réalisateurs. Je me dis qu’il était « dans les murs », qu’il s’est incrusté et que, le moment venu, il a fait jouer ses appuis pour imposer une vision militante sur un réseau national. Un coup de maître ! Des Shonda Rhymes ou des Tyler Perry ne peuvent pas encaisser la comparaison. J’en suis à un point où je m’organise des dégustations d’épisodes d’ADW sélectionnés en fonction de l’état d’esprit du moment : je les connais par cœur. Cette constante célébration du Black Love, de l’héritage culturel afro-américain, c’est clair, mais aussi du reste de l’héritage culturel négro-africain, cette solidarité affichée avec le reste du Monde noir

Tiens, il y a cet épisode de la dernière saison dans lequel un cubain qui « passait par là » cite un passage de Femme noire de Léopold-Sédar Senghor, « au calme », sur une chaîne nationale américaine. Il y a aussi cet épisode de la saison 3 qui constitue carrément une sorte de marche à suivre en cas de refus de vente fondé sur une discrimination. Tellement d’exemples à donner … En fait, Bill Cosby et son équipe avaient réussi à cadenasser le créneau et ils faisaient ce qu’ils voulaient comme ils le voulaient.

Des récits me parviennent de jeunes qui, dans les années 2010, se sont inscrits dans des HBCU parce qu’ADW leur en avait donné une image attractive. Je n’imagine même pas ce que ça a donné entre 1988 et 1991. Le terme « unapologetic » est en vogue sur Black Internet. J’aime ce terme. J’aime cet état d’esprit. Cela dit, qu’on ne s’y trompe pas : le summum de l’« unapologetic blackness » télévisuelle a bien été atteint entre 1988 et 1991, avec ADW, le début des années 1990 ayant constitué le début d’un lent détricotage de tous les progrès réalisés sur ce point. Ces choses-là semblent fonctionner par cycles. Au fond, Black Internet le sait … Black Internet rêve d’un reboot général de cette ambiance et je partage ce souhait. J’ai au moins la satisfaction de sentir un frémissement qui laisse augurer le retour à quelque chose de positif.

En attendant, il est temps que je fasse un tour sur Amazon, histoire de me procurer les intégrales respectives du Cosby Show et d’ADW … Ah … La première existe, pas la seconde. On m’explique que la saison 1, la seule saison un peu pourrie, a été rééditée en DVD et que, face au relatif échec de l’opération, l’idée de rééditer le reste aurait été abandonnée … Soit … L’intégrale du Cosby Show est disponible, c’est déjà ça … Pour le reste, un pote m’a expliqué comment avoir accès, depuis la France, par le biais de procédés, là encore, « plus ou moins légaux » au catalogue américain de Netflix, Black Internet m’ayant prévenu que l’intégrale d’ADW avait été chargée sur la plateforme : exit les rips pourris que j’avais fini par télécharger via un torrent et bonjour les bonus scenes en qualité HD ! Du coup, je m’abonne à Netflix dans le seul but de regarder l’intégrale d’ADW ! Nous sommes entre 2012 et 2014 …

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