Louis Vuitton, marque luxueuse emblématique, est vivement critiquée pour son exploitation d’un trésor de la culture Basotho : ses couvertures en laine !

Récidiviste car ce n’est pas la première fois que la marque recourt à cette pratique : la maison de luxe française a suscité la colère des résidents de ce territoire africain, et plus particulièrement de l’Afrique du Sud, en utilisant les célèbres couvertures en laine de la culture Basotho (peuple bantou vivant en Afrique et au Lesotho) pour en en faire des accessoires de mode dans sa dernière collection hommes.
Les couvertures Basotho sont des objets rituels très sacrés. Elles sont présentes à chaque grande étape de la vie, telles que la naissance, la circoncision et le mariage. Ne coûtant généralement pas plus de 1 000 rands sud-africains (66 euros), Louis Vuitton a explosé les prix en les commercialisant 33 000 rands (2 186 euros), signées par l’enseigne française.
Plusieurs questions se posent alors : est-il acceptable que Louis Vuitton tire un tel profit de la culture Basotho ? Ne s’agit-il pas là d’appropriation culturelle ?
Maria McCloy, créatrice de mode sud-africaine, qualifie haut et fort cet acte de vol :
“Les artistes africains sont aussi des artistes et des créateurs. Nous aussi, nous avons des noms. Ces choses ne sont pas vides, tout le monde n’a pas le droit de les prendre et de se les approprier. Nous sommes en colère parce qu’on se sent exploités. Ce n’est pas d’être une source d’inspiration qui nous pose problème, c’est un compliment, mais il faut aller plus loin et nous associer à ces projets, sans quoi c’est du vol.”
Louis Vuitton n’en est pas à son coup d’essai puisqu’en 2012, la maison avait déjà été accusée d’exploitation culturelle lorsque la marque avait utilisé la Shuka des Massaï, une robe à carreaux rouges et bleus, au sein de sa collection printemps-été pour hommes également.
Mais alors, est-il possible d’emprunter leurs symboles à d’autres cultures sans les en déposséder ?
Si les cultures venues d’ailleurs sont une source d’inspiration intarissable pour les créateurs en quête d’originalité, le partage des bénéfices n’entre pas dans leurs habitudes économiques.
Pour Nicola Cooper, travaillant dans un cabinet de recherches et d’analyses des tendances, la mode est, de toute façon, basée sur l’exploitation :
“La mode a toujours utilisé la culture, les sous-cultures et les contre-cultures pour vendre des vêtements : du hip-hop au skateboard en passant par les looks androgynes ou sadomaso, des coiffes indiennes aux rosaires catholiques et jusqu’aux tissus wax. Et ce n’est pas seulement les marques de luxe” précise Cooper, “toute l’industrie fonctionne comme ça par appropriation. Il en a toujours été ainsi. Et, à moins d’un bouleversement majeur touchant au cœur de cette industrie, ça n’est pas près de changer.”
Thabo Makhetha, styliste originaire du Cap, s’est également s’exprimée à ce sujet. Selon elle, c’est toute l’industrie de la mode qui doit revoir son exploitation de tissus africains :
“Cela fait des siècles que l’Occident pille l’Afrique. Il y a deux façons de voir les choses. L’aspect positif, c’est que les créateurs européens se tournent vers l’Afrique comme source d’inspiration. Cela montre que le reste du monde s’intéresse à ce continent et à ce qu’il peut offrir. L’ennui, évidemment, c’est qu’en fait ils l’exploitent.”
Certaines grandes Maisons de couture telles que Vivienne Westwood, Stella McCartney, Sass & Bide et Ilaria Venturini ont été à l’origine de plusieurs projets collaboratifs consistant à créer des tissus avec la participation de peuples africains. De cette façon, la notion d’exploitation s’efface au profit d’une collaboration entre deux univers.
Mais le débat perdure ! Le problème se pose donc si ces “emprunts” (d’autres qualifieraient cela de “vol”) ne sont pas reconnus, tendant ainsi vers l’appropriation culturelle, lorsque la signification et le symbolisme de ces richesses sont bafoués et que les communautés à l’origine de ces œuvres en tirent des bénéfices dérisoires pour ne pas dire aucun.


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