hommage

Malcolm X : la photographie au service de la lutte

par BY

2 mars 2025

Malcolm X, l’une des figures emblématiques des droits civiques aux États-Unis, a su utiliser la photographie et les médias de son époque à son avantage, malgré une méfiance profonde envers les institutions traditionnelles.

Tout au long de sa vie, il a pris conscience du pouvoir des images et a compris qu’elles pouvaient être un moyen puissant de contrôler son image publique et de mettre en avant la réalité de sa communauté, souvent déformée par les médias dominants.

Le leader afro-américain ne se contentait pas de rester passif face à la caméra ; au contraire, il a activement orienté les photo-journalistes afin de donner une image plus juste de la vie quotidienne des Afro-Américains. Lors de leurs visites dans les quartiers afro-américains, Malcolm X incitait les photojournalistes à capturer des images de la vie quotidienne : des familles heureuses, des enfants jouant à l’école, ainsi que des commerces et des institutions florissantes. Son objectif était de contredire les stéréotypes négatifs véhiculés par les médias traditionnels, qui dépeignaient souvent les communautés afro-américaines sous un jour défavorable.

Le photographe Gordon Parks, témoin de cette période, expliquait que Malcolm X considérait ces photographies comme des “preuves” de la résilience et de la dignité de sa communauté. Ces images servaient à souligner l’importance de la Nation of Islam et à prouver que la communauté noire pouvait être autonome et prospère, loin des clichés véhiculés par la presse.

Mais il ne se contentait pas de gérer l’image des autres. Malcolm X avait aussi sa propre pratique de la photographie. Toujours en quête d’authenticité, il emportait fréquemment son propre appareil photo, un King Regula 111c, un Nikon 35 mm, ainsi qu’une caméra Bell and Howell 70dr 16 mm.

Pendant ses nombreux voyages, notamment en Afrique et en Asie, Malcolm X utilisait son appareil photo pour documenter des scènes et des personnes souvent ignorées ou mal représentées par les médias occidentaux. Ces images permettaient de capturer des moments et des lieux de résistance, de dignité et de solidarité, loin des stéréotypes colonisateurs et racistes.

De plus, Malcolm X collabora avec des cinéastes tels qu’Edouard de Laurot pour immortaliser ses expériences à travers le film. Il est probable qu’il ait fourni du matériel d’archives personnel pour le film Black Liberation (1967), un projet cinématographique visant à documenter la lutte des peuples noirs pour leurs droits à travers le monde. En dépit de ses critiques envers les médias dominants, qui selon lui manipulaient l’opinion publique pour maintenir l’ordre social en place, il reconnaissait la force des visuels pour véhiculer son message et élargir son influence.

Malcolm X ne se contentait donc pas de faire entendre sa voix par des discours puissants ; il exploitait également les images pour contester les récits dominants et faire en sorte que l’histoire de la communauté noire soit racontée sous un autre angle.