Né Malcolm Little le 19 mai 1925 et décédé Malcolm X El Hadj Malik El Shabazz, le 21 février 1965, Malcolm X est principalement connu comme le Noir “le plus en colère de l’Amérique”. Une réputation liée notamment à ses propos tenus envers le mouvement Black Muslims, dirigé par Elijah Muhammad, dont il fut membre.
Dans cet ouvrage qui rassemble quelques célèbres discours de l’ex-activiste afro-américain de Harlem recueillis par George Breitman, le lecteur découvre Malcolm X en tant que fondateur et porte-parole de l’Organization of African-American Unity (Organisation de l’Unité Afro-Américaine), à partir de 1964.
Dans un entretien accordé le 8 janvier 1965 au Young Socialist, Malcolm X dénonce :
“il s’est produit une scission [avec les Black Muslims] essentiellement due au fait qu’ils m’ont exclu, parce que j’envisageais de façon intransigeante les problèmes dont je jugeais la solution nécessaire et que le mouvement pouvait, selon moi, résoudre.” (page 232)
Raison pour laquelle il abandonne la Nation of Islam en mars 1964, crée la Muslim Mosque Inc. puis finit par fonder l’Organization of African-American Untity (O.A.A.U.) le 28 juin 1964, institution non religieuse à laquelle il appartient jusqu’à sa mort.
Afin “d’élargir ses perspectives” (p. 207) et d’avoir une vision plus large des problèmes politiques, économiques et sociaux subis par la communauté noire à l’échelle mondiale, Malcolm X décide de voyager aux États-Unis, en Afrique, au Moyen-Orient et en Europe. Ce qui permet à celui-ci de se rendre compte qu’il s’agit d’un fléau bien plus profond qu’un conflit Noirs contre Blancs soit : Opprimés contre Oppresseurs.
De retour de ses voyages, Malcolm commence par rappeler à son auditoire la définition de la révolution : “La révolution est fondée sur la terre. La terre est le fondement de toute indépendance. La terre est le fondement de la liberté, de la justice et de l’égalité.” (p. 41 – un de ses derniers discours en tant que Black Muslim, fin 1963 à Détroit)
Dans son fameux discours “The Ballot or the Bullet” (en français : “Le Bulletin de vote ou le Fusil”) prononcé à Cleveland, le 3 avril 1964, Malcolm X insiste sur son désir de “transformer la lutte pour les droits civiques en lutte pour les droits de l’homme” (p. 69) et rappelle fermement à ses confrères de ne pas oublier leurs origines africaines avec le passage suivant : “En ce moment même, dans ce pays, vous et moi sommes 22 millions d’Afro-américains… C’est ce que nous sommes : des Africains qui se trouvent en Amérique. Vous n’êtes pas autre chose que des Africains. Pas autre chose. Vous devriez même aller plus loin et vous appeler des Africains et non plus des Noirs.” (p. 70)

Malcolm X présente ensuite son discours consacré aux “Perspectives de liberté pour l’année 1965” (p. 187 – 7 janvier 1965 à New York), en insistant sur le fait que “pour se faire respecter du pouvoir, il faut un pouvoir.” (p. 194). Plus on avance dans la lecture, plus on retrouve des phénomènes de société encore présents actuellement, tels que les contrôles de police au faciès :
“Alors, quiconque appartient à la communauté noire peut être interpellé dans la rue : “Haut les mains !”, et vous voilà au tapis. Vous aurez beau être un Oncle Tom, docteur, avocat, prêtre ou que sais-je encore : quelle que soit votre situation professionnelle, vous constaterez que l’on s’en prend à vous tout aussi bien qu’à l’homme de la rue. Tout simplement parce que vous êtes noir et que vous vivez dans une communauté noire que l’on a présentée comme une communauté de criminels.” (p. 202 – 14 février 1965 à Détroit, après que son foyer ait subi un attentat aux cocktails Molotov)
Suites aux récentes élections présidentielle américaines, il serait bon de rappeler que Malcolm X aurait recommandé à la communauté afro-américaine de s’inscrire sur les listes électorales, tout en leur précisant ceci : “nous devrions limiter notre action politique à la situation donnée, sans du tout chercher à nous identifier ou à nous vendre à l’un des deux partis, mais en nous engageant dans une action politique consacrée au bien des êtres humains et destinée à en finir avec toutes ces injustices.” (p. 41 – meeting organisé à Paris par Présence Africaine le 23 novembre 1964)

Herbby pour By Us Media