Alors que plusieurs mannequins noirs dénoncent les discriminations quotidiennes auxquelles ils ont dû et doivent toujours faire face, le style et les imprimés africains envahissent peu à peu les boutiques de prêt-à-porter.
Le racisme au sein du monde du mannequinat est une triste réalité qui perdure. Le top model Naomi Campbell avait déjà, dans les années 80, pointé du doigt ce fléau. Aujourd’hui, ce sont d’autres jeunes mannequins noirs, tout aussi connus, qui reprennent le même discours, à savoir Jourdan Dunn et Chanel Iman. Les deux jeunes femmes ont relaté leurs échecs de casting à cause de leur couleur de peau, ainsi que leurs clichés retouchés afin que leur pigmentation paraisse plus pâle. Enfin, elles ont pointé du doigt le manque de représentations noires lors de défilés.
Des mouvements se sont élevés contre ce problème: Naomi Campbell citée précédemment avait participé en 2008 à une proclamation appelée « Untitled » exprimant le fait que le profit tiré par le monde de la mode n’excuse pas le racisme.
Puis est née en 2013 la « Diversity Coalition », groupe qui a ouvertement accusé les grandes maisons Céline, Louis Vuitton et Versace de discrimination envers les mannequins sélectionnés pour les défilés.
Malgré cela, les actes et paroles déplacés persistent: Lou Doillon, qui a posé pour le magazine Playboy, a estimé que lorsque Beyoncé ou Nicki Minaj (donc des femmes de couleur) le faisaient elles étaient vulgaires, puis Kendall Jenner a évincé Jourdan Dunn lors du dernier défilé Victoria’s Secret sans raison valable. Rihanna, prévue pour chanter lors dudit défilé, a alors annulé sa prestation par soutien envers celle-ci.Mais le monde afro ne se laisse pas abattre.

L’entrepreneuse Adama Amanda N’Diaye a d’abord crée en 2002 la Dakar Fashion Week, puis en 2011 la Black Fashion Week avec l’ambition d’ouvrir le monde à la mode africaine et d’exposer de talentueux mannequins couleur ébène.
Amy Camara, l’une d’entre eux, a raconté les coulisses de la dernière Fashion Week citée: “Il y avait vraiment une bonne ambiance, il n’y avait pas de hiérarchie. C’était très pro et il y avait beaucoup de respect et d’humanité. Par exemple, pour les essayages la couleur a disparu, on regardait que le physique, le corps était au centre. Du coup, tu te sens vraiment impliquée et tu as envie de donner le meilleur de toi.”
Un contraste important
L’impact du style africain sur la mode actuelle est flagrant.
Le dashiki, célèbre tunique colorée, est très en vogue en ce moment. Son port par des célébrités a servi l’expansion de sa réputation.

Des enseignes telles que Pimkie, H&M et Bershka reprennent massivement les imprimés inspirés du wax.
Enfin, une multitude de créateurs surfent sur ce tissu pour leurs créations (GlamourEnWax, Nanawax, Créations By PM). Christian Louboutin fait également partie de cette vague grâce à son sac Africaba.


Un parallèle frappant existe donc entre cette difficulté pour les personnes de couleur d’être facilement reconnues dans le milieu de la mode, et cette tendance afro très présente au quotidien.
Saly Doucouré pour ByUs