Quelle est la place des personnes âgées dans une Afrique en pleine urbanisation ?

Selon un rapport publié par la Banque Africaine de Développement (BAD) concernant les défis de la démographie africaine, datant de 2010, 36 millions de personnes âgées de 65 ans et plus, représentaient 3,6% de la population africaine, contre 3,3% en 2000, une augmentation constante au cours des quarante dernières années.

Ce rapport  prévoyait également qu’en 2030, les personnes âgées représenteraient 4,5% de la population et près de 10% de la population en 2050. Malheureusement, cette augmentation du nombre de personnes âgées en Afrique, se fait à un moment où le continent manque sérieusement d’institutions formelles pour accueillir ces dernières. À l’heure actuelle, le défi est beaucoup plus important pour les personnes âgées, peu qualifiées et non scolarisées, qui se sont consacrées essentiellement à des activités de subsistance non déclarées tout au long de leur jeunesse.

La cellule familiale à la rescousse…

Seule une petite fraction de ce groupe démographique dépend de ses épargnes et de ses droits à la retraite. Toutefois, le pourcentage le plus élevé repose sur des mécanismes traditionnels de soutien familial dans lesquels ces personnes âgées sont prises en charge par leurs enfants, leurs petits-enfants, leurs frères et sœurs ainsi que leurs proches encore en âge de travailler.

Mais les temps changent. Et l’efficacité de ces mécanismes informels s’affaiblit en raison des effets de l’urbanisation sur le modèle socio-culturel et la situation économique des personnes plus jeunes en âge de travailler (entre 15 et 64 ans). En effet, la nature et la structure du système familial évoluent en Afrique de l’Ouest.

lagos
Lagos, Nigeria

En raison de l’urbanisation croissante, les familles sont de plus en plus nucléaires et la capacité des jeunes familles à répondre aux besoins des personnes âgées, diminue en raison de l’augmentation du coût de la vie dans les villes. Par conséquent, il n’est pas rare de voir des personnes âgées dans l’obligation de se débrouiller par elles-mêmes dans les zones urbaines, en effectuant notamment des petits boulots comme gardien de sécurité, vente à la sauvette aux bords des routes, travaux manuels et parfois même, en demandant l’aumône.

Comment sommes-nous arrivés là ?

Comme indiqué dans le rapport de la BAD, le sort des personnes âgées ne semble pas être la priorité chez les politiques. L’invisibilité des personnes âgées vulnérables dans les principaux documents politiques est renforcée par leur invisibilité dans la plupart des plans nationaux de développement. Le continent africain a manifestement d’autres problèmes démographiques plus urgents… Ce qui conduit les gouvernements et les sociétés à déprioriser le cas des personnes âgées en faveur d’autres groupes d’âge plus visibles (et audibles).

En l’absence de régimes de soutien parrainés par le gouvernement concernant ces personnes âgées vulnérables, la famille et la collectivité restent les seules institutions qui puissent garantir que les dernières années de nos aînés, se déroulent dans la dignité allant de pair avec un confort minimal.

Alors que l’Afrique s’efforce d’atteindre des objectifs de développement en tant que continent, celle-ci ne doit pas perdre son humanité en laissant ses «anciens» à l’abandon.

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