Le politologue philosophe Paul Zahiri s’exprime au sujet d’Emmanuel Macron et ses assertions sur le “non-développement” de l’Afrique

Les récents propos du jeune, sémillant, et fraîchement Président français, Emmanuel Macron sur l’Afrique ont eu le don d’irriter les noirs. Quel pataquès sur le Net, et autant de buzz sur la toile, et les réseaux sociaux ! Pourtant, c’est en vain qu’on chercherait des nouveautés dans les saillies du Chef de l’État français, sur le non-développement, le sous-développement, et le mal-développement de l’Afrique. De de Gaulle à Sarkozy, au moins, ce sont les mêmes truismes répandus sur les noirs africains, leur anhistoricité, leur mentalité leurs traditions, et leurs mœurs.

 

Des considérations qui ne sont pas sans vérité, dans leur fond abyssal, à l’aune de nos défaites militaires, de l’annexion, et de l’occupation de nos terres. Sans oublier l’esclavage, la colonisation, et la recolonisation, loin de toute considération chromatique, à visée polémique, le relativisme historique, anthropologique et socioculturel ne restant que le refuge d’un confort moral et intellectuel.

Si reproche il y a à faire à Macron, c’est sur l’assurance dogmatique de ses déclarations proprement envahissantes, dont la provocation sommeille dans la tautologie. Sinon, nourri aux sèves de la culture occidentale, et à l’esprit de sa civilisation, l’homme d’État français considère que l’évolution humaine est unilinéaire, et c’est celle de l’Occident judéo-chrétienne. Par conséquent, toutes les sociétés humaines ont pour vocation d’évoluer comme a évolué la société occidentale, en vue d’atteindre, un de ces jours, son niveau de civilisation.

Léopold Senghor présente le général de Gaulle au Grand Sérigne et aux notables de la ville

C’est ainsi que la domination des occidentaux, au plan mondial, sur des peuples vaincus, et présumés attardés, a pu passer pour une œuvre civilisatrice. Il s’agissait de pousser l’humanité dans une direction hégémonique, unique, et nécessaire qui est celle de l’histoire de toute l’humanité dont l’occidentalisation est le seul aboutissement.

À l’évidence, ceux qui civilisaient hier sont ceux qui développent aujourd’hui les pays sous-développés. Ce n’est pas la mondialisation du monde en voie d’achèvement planétaire qui dirait le contraire, une telle conception ethnocentriste et européocentriste de l’évolution qui permit à l’Occidental de légitimer son hégémonie, qui n’inspire plus souvent que du dédain à l’égard des “sauvages” d’antan, dont des hordes se pressent aux frontières de ses pays, à la recherche d’un hypothétique bonheur, débouchant au mieux sur un statut de sous-hommes traités comme une main-d’œuvre servile, taillable, et corvéable à merci.

Paul Zahiri

 

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