L’histoire des scarifications est aussi vieille que l’histoire de l’humanité. Très répandue en Afrique, en Asie et en Amérique latine, la scarification est un fait culturel et artistique mais aussi social. Utilisée pour ses propriétés thérapeutiques et spirituelles, elle est aussi utilisée pour différencier les tribus, les castes et parfois même l’individu.
On trouve les premières traces de scarifications dans l’antiquité. À l’époque, la pratique était alors médicale. Elle permettait de soigner les saignées superficielles. Aujourd’hui, la scarification médicale sert à traiter les maladies de la peau.
Importance sociale des scarifications en Afrique
Dans les premiers temps, ces marques distinctives permettaient de reconnaître les classes sociales qui, elles, révélaient la valeur identitaire de l’individu. On pouvait donc distinguer un noble d’un roturier ou d’un esclave. En effet, la peau incarne la personne, la différencier des autres, c’est y porte son identité, son histoire mais aussi son héritage.
À partir du XVIe siècle, ces marques sont également une manière de contourner l’esclavage car les négriers se détournent des personnes portant des marques sur le visage et le corps.
Voici les différents types scarifications ethniques observées en Afrique de l’Ouest :
- Le Marende : ce sont des cicatrices de la beauté, de l’élégance qui consistent à faire deux ou trois horizontaux sur les tempes.
- Le Wiifu : exclusivement réservé aux princes, il consiste à faire deux marques au visage à partir de la joue jusqu’au menton et ce sur chaque joues.
- Le Pug Wii : scarification du ventre
- Le Lemde : scarification du menton
- Le dedendga : scarification au niveau des pommettes
- Le Youbi : scarification du cou
Ces scarifications sont effectuées à l’aide d’outils tels que des morceaux de pierre, de verre, coques de noix ou couteaux, souvent faites par les patriarches de la tribu, qui sont les gardiens de la tradition.
Au Bénin, lors des rituels de passage, les enfants sont rasés et un nouveau nom leur est attribués. Les scarifications faites aux enfants leur permettront ainsi de rester connectés avec les ancêtres dans leur vie d’adulte.
Mais aujourd’hui les traditions se perdent
Dans une Afrique tiraillée entre son passé et son avenir, porter des scarifications est devenu une pratique considérée comme barbare, voir rétrograde. La modernisation imposée par la colonisation, la mondialisation et les autorités religieuses ont mis un énorme frein à cette pratique, interdite par la loi au Burkina Faso et quasiment éteinte au Bénin, deux pays pourtant berceaux de cette tradition perdue. Décidément la tradition à la vie dure…
Pour beaucoup d’anciens , la scarification est un message gravé dans la peau et dans le temps: