Dapper Dan, des rues de Harlem aux ateliers de Gucci
Dans les années 80, Dapper Dan a eu une idée de génie : détourner les logos des Maisons de luxe et les apposer sur des vêtements aux coupes larges et streewear, le tout à bas prix. Retour sur le parcours de ce tailleur d’Harlem digne des plus grands films hollywoodiens.
Si vous êtes férus de mode, vous n’avez absolument pas le droit d’ignorer ce nom. Mais si c’est le cas, on vous pardonne, et on vous fait un récapitulatif de sa vie passionnante !
Dapper Dan, de son vrai nom Daniel Day, est un designer de mode new-yorkais, et originaire, plus précisément, de Harlem.
Il est devenu célèbre dans les années 1980 grâce à ses vestes et ensembles taillés dans des matières qui imitaient les imprimés des grandes Maisons de luxe.


Ayant grandi dans le ghetto noir, il a vite été abandonné aux vices de la rue.
En 1967, il passe quelques mois en prison en même temps qu’un des meurtriers de Malcolm X, et s’ouvre alors à une conscience politique. Autodidacte, il lit, reprend ses études, voyage en Afrique grâce à l’Urban League pour les droits civiques, rentre à Harlem et se lance dans le commerce de fourrure.
La scène Hip-hop s’habille en Dapper Dan
En 1982, il ouvre toute première boutique, toujours à NY, et commercialise ses vêtements faits dans l’arrière-boutique par des tailleurs sénégalais, connus pour leur grand talent de couture. La boutique, ouverte 24 h/24, devient le rendez-vous des gangsters, copiés par les rappeurs, à leur tour imités par les sportifs.
En 1987, Eric B. & Rakim sortent leur premier disque, Paid in Full, l’un des plus grands albums de l’histoire du hip-hop. Sur la pochette, le duo est en “Dapper Dan” : joggings à monogrammes Gucci.
Les Fats Boys et LL Cool J faisaient également partie de sa clientèle. Et oui, pour entretenir sa réputation d’homme à femmes, il fallait bien en jeter niveau style !



À l’époque déjà, la contrefaçon faisait mal aux grandes marques. Etant donné que le phénomène sociétal était déjà de tout miser sur les apparences pour se donner du prestige, les gens allaient dans le sud de Manhattan acheter en MASSE des faux sacs Vuitton et Gucci, par exemple.
Rattrapé par la justice
Plus tard lui viendra l’idée d’utiliser des imprimés wax, mixés donc avec des monogrammes luxueux: Dapper Dan a africanisé les sigles de luxe.
Comment ? C’est très simple. “En créant des motifs sur le mode des tissus africains, en les égayant et en les rendant extravagants” explique Ariel Wizman, journaliste et coréalisateur du documentaire “Black Dandy, une beauté politique” en 2015.

Grâce à sa technique de sérigraphie sur cuir, l’entrepreneur va tapisser de monogrammes le vestiaire à plusieurs milliers de dollars des branchés, mais aussi leur 4×4 et leurs canapés.
Mais en 1992, face aux plaintes déposées par les marques dont il utilisait illégalement les logos, Dapper Dan a dû définitivement tirer le rideau de son établissement.

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Le retour en grâce de Dapper Dan
Mais attention, grosse ironie de l’histoire : en mai 2017, 25 ans plus tard, Gucci se voit accuser sur les réseaux sociaux de plagier un modèle de veste créée par Dapper Dan, lors de la présentation de sa collection Cruise dirigée par Alessandro Michele.

Quelques semaines seulement après ce scandale, la Maison italienne a annoncé une collaboration avec le tailleur new-yorkais dans le cadre de sa collection « Men’s Tailoring ». En effet, Gucci avait fait de Dapper Dan son égérie en le faisant poser dans son quartier de Harlem.
Et c’est ainsi que la boucle se boucla !
