Les filles et les femmes noires face à la santé en France
C’est en constatant les préjugés et inégalités subis par les filles et les femmes noires en matière de santé, en France et Outre-mer, que les organisations et militantes afroféministes, ont décidé de leur donner la parole, appelant, par ailleurs, les responsables du système de santé à mettre en place des plans d’actions visant entre autres, à renforcer la prise en charge des personnes malades en situation de précarité…
Nous, organisations et militantes afroféministes basées en France, souhaitons par cette tribune médiatiser les besoins des filles et femmes noires en matière de santé. De part notre position militante, nous sommes sensibles à cette question que nous abordons par le prisme de nos vécus personnels, des témoignages que nous avons recueillis et de nombreuses études dont nous avons pris connaissance.
Nous appelons l’ensemble des acteurs du système de santé ainsi que les chercheuses et chercheurs à multiplier les études afin d’analyser la manière dont interagissent entre eux les sujets de santé, les facteurs sociaux tels que les inégalités et les événements de la vie des filles et femmes noires.
Nous appelons les responsables du système de santé à mettre en place des plans d’actions, mesurables sur la durée, allant de l’amélioration de la formation des professionnel-le-s de santé sur ces questions au renforcement des conditions de contrôle et de recours.
Nous souhaitons ainsi répondre à un double objectif :
- donner la parole à ces filles, ces femmes afin qu’elles sachent qu’elles ne sont pas les seules à s’interroger et qu’elles sont tout à fait légitimes à s’exprimer sur leurs expériences personnelles ainsi qu’à revendiquer une amélioration de l’application de leurs droits
- renforcer la prise en charge des personnes malades, notamment les plus précaires, et leur assurer des soins ainsi qu’un accompagnement social qui prennent en compte toute la dimension de leurs situations.
Certain-e-s seront surement étonné-e-s de notre démarche, pourtant nous savons que cette question revêt un caractère systémique et est éminemment structurante pour nos communautés dans lesquelles la précarité reste un frein majeur à l’accès aux soins.
Qu’il s’agisse par exemple de la prise en charge des femmes enceintes drépanocytaires, du recours plus élevé aux césariennes, de la prévalence du fibrome ou encore de l’accompagnement médical des femmes migrantes, de nombreuses situations doivent être analysées de manière intersectionnelle afin de comprendre les imbrications entre la maladie, le genre, la race, la classe sociale et toute autre discrimination qu’elle soit par exemple d’orientation sexuelle ou de handicap.
Nous n’oublions pas la situation de nos sœurs des dits Outre-mer où la situation est particulièrement inquiétante comme le pointent les associations féministes locales.
Les régions des dits Outre-mer subissent les conséquences de politiques néfastes (chlordécone, CHU de la Guadeloupe, désertification médicale à Mayotte…) et plus particulièrement celles de la précarité, les régions d’Outre-mer figurant dans la liste des régions françaises les plus pauvres.
Le système dans lequel nous vivons affecte notre accès aux soins quand par exemple nous vivons dans des quartiers défavorisés dans lesquels les services médicaux sont surchargés, que des décisions médicales ou paramédicales sont influencées par des préjugés raciaux ou que les politiques sécuritaires font peser le spectre du fichage.
Nous soutenons toute initiative permettant de mettre en lumière ces différentes situations et vous appelons, filles, femmes noires et afrodescendantes, à vous saisir de l’enquête coordonnée par le Mouvement comme une opportunité de témoigner de situations de discrimination que vous avez pu vivre dans des services d’urgences médicales.
Qu’il s’agisse de discriminations liées à la race, le genre, la classe sociale, l’appartenance religieuse ou le handicap, n’hésitez pas à témoigner et soyez assurées de notre volonté ferme de faire entendre vos voix au travers des actions que nous mettons en place au sein de nos différentes organisations militantes.
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Les organisations et militantes afroféministes
Collectif Afro-Fem
Parlons des Femmes Noires
Amandine Gay, réalisatrice
Clem’, créatrice de la chaîne YouTube « Keyholes & Snapshots »
AM’A (Amazones d’Afrique)
Collectif Sawtche
Mrs Roots, blogueuse et auteure afroféministe
Le Réseau des Femmes Afrodescendantes
Dieretou Diallo, Blogueuse, activiste, militante pour les droits des femmes en Guinée
Mwasi-collectif Afroféministe
Fania Noel – Militante afroféministe et panafricaine
Yvoire de Rosen, anthropo-sociologue -activiste afroféministe
Mwanamke collectif afroféministe belge
Les soutiens*
Françoise Vergès
Estelle Prudent
Yolande Libène
Capucine Légelle, journaliste et membre de l’APIPD (Association pour l’information et la prévention de la drepanocytose)
Hélène Faussart – Les Nubians
Association Makeda Saba – AMS
Rokhaya Diallo journaliste et réalisatrice
Perspective, collectif militant pour l’accès aux soins et droits en santé mentale des populations non-blanches et contre les violences institutionnelles
Sciencescurls
* sont considérées comme « soutiens à la tribune » les personnes signataires hors mouvement afroféministe
L’enquête
formulaire d’enquête (ouvert jusqu’au 29/06/2018)
article de Lison Verriez pour France Info
Organisations contribuant à l’enquête
Le Mouvement, le CRAN, Françoise Vergès, Collectif Afro-Fem, Réseau Classe/Genre/Race, Collectif : Féministes contre le cyberharcèlement, Paye ta Shnek, Paye ta police, le Collectif Lutte et Handicaps pour l’Egalité et l’Emancipation, Lallab, Alice Coffin, Mwasi-collectif Afroféministe
Contact Presse
Estelle Marguerite, 07 82 32 57 37 – estelle.afrofem@gmail.com
Collectif Afro-Fem et Parlons des Femmes Noires
