La question des “mauvais enfants” n’est pas une légende urbaine africaine, mais bien un fait de société. En République Démocratique du Congo, il y a un adage qui dit : “mieux vaut tuer l’enfant sorcier, que lui ne vous tue”.
Les mauvais enfants… Albinos, jumeaux, enfants nés avec des malformations congénitales, enfants dont les mères sont mortes pendant l’accouchement, enfants souffrant de troubles mentaux. Dans certains pays d’Afrique, ces enfants sont réputés être de “mauvais” enfants, parfois même on les appelle “les enfants sorciers”.
Considérés comme des dangers ou des échecs, ces enfants n’ont pas le droit à un traitement humain. En Afrique de l’ouest, par exemple, les bébés sont généralement tués avec des plantes vénéneuses, et ceux dont les mères meurent en couche sont enterrés avec elle, ou abandonnés dans une pièce jusqu‘à ce qu’ils meurent de faim. Au Congo, s’ils ne sont pas battus, brulées ou livrés à tout autre sévice, les enfants sont mis à la rue et deviennent des “shégués” qui signifient “les enfants des rues” en lingala.
«Un pasteur m’a brûlé le corps avec des bougies. Dans une autre église encore, on m’a versé dans les yeux de la sève tirée d’un arbre», confie Glodie Mbete, 11 ans, au journal Liberation.
La faute au Diable ? Aux familles ? À l’État ?
Ces pratiques qui existent depuis la nuit des temps, sont légitimées au nom de la culture. Une culture qui insinue que ces enfants sont des malfaiteurs ou sources de malheurs… des envoyés du Diable.
Bien souvent la religion est la première à jeter la pierre. Les églises de réveils stigmatisent les enfants ayant soi-disant un comportement “anormal”. Pipi au lit, sommeil agité, ventre ballonné, épilepsie, petite taille, appétit, insolence, handicap. La liste des symptômes et des « comportements étranges » indiquant que le « mauvais esprit » s’est logé dans le corps de l’enfant est longue. Alors, les églises et leurs pasteurs deviennent une délivrance pour les familles.
Les familles, sans ressources, sans accompagnements ni aides s’en remettent alors à la tradition, aux superstitions ou à la religion. Dans la plupart des cas, cela finit par un destin tragiques pour l’enfant.
L’État..Quel État ? Les gouvernements sont souvent impuissants voire complices. Leur silence et le vide juridiques autour de la maltraitance sur les enfants est une preuve que l’Afrique a encore des progrès à faire en la matière.
En Afrique, les traditions perdurent et les superstitions ont la peau dure, mais il est temps de se pencher sur la question du développement de la future jeunesse du continent. La construction physique et psychique des plus jeunes est une étape cruciale dans la reconstruction du continent africain. Parfois, parler, comprendre, accompagner, essayer, aimer, peut suffir.