Après deux autopsies et deux expertise, un nouveau rapport dévoilé mardi 2 octobre par Le Monde, semble dédouaner les gendarmes de tout responsabilité dans la mort d’Adama Traoré, survenue le 19 juillet 2016, à la gendarmerie de Persan, dans le Val-d’Oise.
Dans un nouveau rapport, quatre médecins affirment que la mort d’Adama Traoré n’a pas à voir avec l’interpellation musclée d’Adama Traoré par les gendarmes, mais serait plutôt liée à une réaction en chaîne après l’effort provoqué par sa fuite, révèle Le Monde.
Les experts estiment que les méthodes employées par les forces de l’ordre, incluant entre autres l’immobilisation genoux au sol, n’ont pas joué de rôle déterminant dans la mort d’Adama Traoré, invalidant par ailleurs, la thèse selon laquelle celui-ci souffrait d’une malformation cardiaque, comme indiqué dans de précédents rapports médico-légaux.
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Selon les médecins, la mort du jeune homme serait la conséquence de réactions en chaîne :
“Adama Traoré a été soumis à un stress et à un effort très intense pour tenter d’échapper aux gendarmes alors qu’il était atteint à la fois atteint d’un “trait drépanocytaire”, qui peut perturber la distribution de l’oxygène dans l’organisme et d’une “sarcoïdose de stade 2”, une maladie inflammatoire qui peut provoquer des complications respiratoires”, précisent les experts. “La température extérieure, de plus de 30 degrés, aurait également pu aggraver les choses.”
L’expertise médico-légale de synthèse, rendue aux deux juges d’instruction le 18 septembre, conclut donc qu’Adama se serait retrouvé avec une faible quantité d’oxygène dans le sang, en état de déshydratation associée une hyperviscosité sanguine, entraînant graduellement la mort du jeune homme. Les médecins décrivent un enchaînement de réactions, s’appuyant sur les différentes pathologies dont souffrait Adama Traoré. “Il était atteint d’un « trait drépanocytaire », pour lequel il avait été diagnostiqué, et d’une « sarcoïdose de stade 2 », dont il ignorait l’existence.”

Ces résultats ont été contestés par la famille d’Adama Traoré, rapporte Le Monde par le biais de leur avocat. Depuis son décès survenu le 19 juillet 2016 à la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise), la famille d’Adama Traoré n’a de cesse d’accuser les forces de l’ordre d’être responsables de l’asphyxie qui lui a été fatale, après une interpellation musclée.
Selon la famille du défunt, les médecins partent d’un postulat de départ qui ne serait pas le bon : le fait que le jeune homme ait produit un effort trop intense lors de la course-poursuite et non au moment de son interpellation. Version des faits bien évidemment démentie par les gendarmes auteurs de l’arrestation.
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Ce rapport réalisé par les quatre experts et exonérant les gendarmes de toute responsabilité est perçu comme une provocation par la famille ainsi que par des membres de l’association Vérité et justice pour Adama, à l’origine d’un vaste mouvement de protestation contre les violences policières, lancée en 2016 et qui est loin de s’essouffler.